À peine 2,2 % des travailleurs frontaliers du Haut-Doubs utilisent les transports en commun pour se rendre à leur travail. L’étude commandée par le Forum transfrontalier sur le sujet est plutôt alarmante.
À titre de comparaison, les travailleurs frontaliers de l’Ain (donc proches de Genève) sont 12,9 % à se rendre au travail en transport en commun, bus ou train. Dans l’Arc jurassien, ils sont à peine 2,2 % à le faire. Pire encore dans le Val de Morteau où les transports en commun concernent à peine 1 % des frontaliers.
“Face à ces constats, nous voulions savoir comment les transports en commun se développaient sur d’autres frontières de la Suisse avec l’Europe. Le constat est sans appel : l’Arc jurassien est très en retard. Les égos français et suisses ne jouent pas en faveur des citoyens qui souhaiteraient privilégier ces modes de transports. Triste constat, et en attendant, les files de voitures s’allongent !” déplore Alexandre Moine, président du Forum Transfrontalier, qui a commandé une étude fournie sur le sujet à la Mission opérationnelle transfrontalière.
L’étude présente en effet un avenir sombre en matière de transports en commun transfrontaliers dans l’Arc jurassien. Pour les travailleurs frontaliers, la voiture reste, et de loin (entre 90 et 98 % des trajets concernés entre la France et la Suisse), le mode de transport le plus utilisé. “Le report modal de la route vers le rail est donc quasiment inexistant. Un deuxième constat apparaît tout aussi nettement : la situation est meilleure (ou moins mauvaise) en termes de report modal quand il existe une offre de transport en commun adaptée aux besoins des frontaliers (horaires et fréquences)” ajoute Stéphane Berdat, membre du Forum.
Ce dernier estime que les raisons ne sont ni géographiques, ni techniques, mais “plutôt d’ordre politique. Il n’y a pas, au sein de l’Arc jurassien, de volonté politique clairement exprimée et parfaitement assumée de développer des offres transfrontalières de transport en commun.” Pour lui, il faudrait commencer par sortir des logiques purement nationales d’exploitation et privilégier une approche réellement transfrontalière. “À cet égard, il serait pertinent de dépasser, au niveau financement et gouvernance, le principe de territorialité stricte selon lequel chaque partie gère les portions de ligne de son territoire et en assume les coûts” estime par exemple le Forum.
À l’échelle de l’Arc jurassien, il apparaît que sur 6 lignes transfrontalières, 5 ne sont pas adaptées aux travailleurs frontaliers ! Les bouchons ont encore de beaux jours devant eux….