Atteint de la maladie de Parkinson depuis dix ans, Paul Trimaille, alias Séraphin, est un artiste méconnu qui s’épanouit dans la peinture, la sculpture, l’écriture de romans. Plus qu’un exutoire, une vraie thérapie.
Il parle vite, il dessine vite, il écrit vite, Paul Trimaille est un homme pressé. Avec la maladie, son corps a perdu en coordination. Il doit se déplacer avec un déambulateur. Pour autant, il n’a rien perdu de sa vivacité d’esprit et de son appétit créatif. En quelques jours par exemple, il a peint une vingtaine d’aquarelles montrant des paysages, villes et curiosités de Haute-Savoie, sans oublier Thonon-les-Bains où il est né il y a 78 ans. C’est aussi là, entre lac et montagnes qu’il a grandi. “J’ai toujours été attiré par le dessin, malheureusement mon père ne voulait pas que je fasse des études artistiques. J’ai passé un C.A.P. de chaudronnier et un brevet en constructions métalliques”, explique Paul César Séraphin Trimaille qui semble toujours frustré de ces orientations professionnelles contre nature. Même placé à l’internat pendant une partie de sa scolarité, il exerce sa passion en dessinant les belles voitures de sa jeunesse.
Après quelques années à travailler à l’usine à Thonon, Il fait la connaissance d’une fille de Pontarlier, Alice, sa future épouse. “On est venu s’installer à Pontarlier en 1967. J’ai trouvé de l’emploi chez Gurtner où je resterai 38 ans pour finir cadre en tant qu’auditeur qualiticien.” Père de deux filles et quatre fois grand-père, Paul Trimaille a contracté la maladie de Parkinson en 2013 sans jamais abandonner les arts plastiques : dessin, peinture à l’huile, aquarelle. “Je me suis mis à la sculpture d’abord sur bois puis sur siporex car c’est plus facile, plus tendre à façonner avec l’évolution de la maladie.” En sculpture, ses préférences vont aux courbes féminines. Le champ de peinture est plus large et se décline en plusieurs catégories : nus, moyens de locomotion, animaux, portraits paysages et divers. Séraphin se range parmi les artistes mystiques, épris de spiritualité. Rapide, polyvalent, caustique, plein d’humour, il est aussi généreux et n’hésite pas à dresser le portrait pictural de ses proches, des personnes qui viennent l’aider. “Toujours avec leur accord” ajoute-t-il. Prolixité et générosité font qu’on retrouve ses œuvres dans le monde entier. Celui qui peint, sculpte, dessine comme il respire reste malgré tout assez discret. Il a déjà participé à quelques expositions locales à Pontarlier ou Villers-le-Lac.
L’art est son élément, sa meilleure thérapie. “Quand je peins, je me sens bien. Je me sens habité par mon sujet, ce qui explique sans doute pourquoi j’exécute le travail aussi rapidement.” Bien entouré par ses proches, ses voisins et amis, Paul Trimaille a trouvé dans l’art matière à exister, à surmonter les affres de la maladie qui le ronge insidieusement, le laissant parfois prostré pendant de longues minutes. Avec la créativité et les idées qui bouillent en lui, comme un feu sacré, il s‘est même essayé à l’écriture de romans et polars. Rien ne l’arrête !