Pour la députée du Haut-Doubs largement réélue avec 62,69 % des voix, le sentiment d’abandon des territoires ruraux est une des clés de la fracture actuelle. Elle prône aussi pour un retour du référendum.

C’est à dire : Quelle leçon tirez-vous des législatives du début de l’été ?
Annie Genevard : La première, c’est l’imprudence du président de la République. Une dissolution est faite pour clarifier une situation et renforcer une majorité. Cette dissolution n’a rempli aucun de ces deux objectifs. Ensuite, à l’issue du premier tour, le fait que les deux groupes les plus importants soient le R.N. et le N.F.P. montre la grande colère qui s’est exprimée dans le pays. Les Français ont constaté que leurs problèmes n’ont toujours pas été réglés depuis sept ans, et même douze ans. C’est une illustration claire que le “en même temps” conduit à des politiques confuses, incertaines, tièdes, et qui ne fonctionnent donc pas. Le rôle du président de la République est d’apaiser. Par cette politique, il n’a fait que fracturer le pays.

Annie Genevard, à l’Assemblée nationale cet été, après sa réélection dans sa circonscription du Haut-Doubs le 7 juillet.

Càd : Comment expliquez-vous cette fracture encore plus béante ?
A.G. : Je pense qu’on a tué la proximité depuis douze ans. Les lois votées déjà sous François Hollande (loi N.O.T.R.E. notamment) ont sérieusement aggravé les choses et cette fracture n’a fait que s’amplifier depuis. En créant des cantons trop grands, des intercommunalités trop grandes, des agglomérations trop grandes, des Régions trop grandes, on a fait voler en éclat les territoires qui structuraient l’espace mental des Français depuis toujours. Ces fractures se sont étendues aux questions de santé (déserts médicaux), de l’école, et c’est tout cela, je pense, qui a créé un sentiment d’insécurité et de révolte qui vient de s’exprimer dans les urnes. Toute cette proximité a été bradée au motif d’une pseudo-efficacité et de pseudo-économies qui n’ont jamais été au rendez-vous. Résultat : ça craque de partout.

Càd : Dans votre circonscription, comment expliquez-vous la forte poussée du R.N. ?
A.G. : Il n’a en effet jamais été aussi haut. Quand il y a une vague nationale, tous les candidats en profitent. On l’avait déjà remarqué en 2017 avec la vague macroniste, la candidate macroniste locale en avait profité aussi. Évidemment qu’il faut prendre très au sérieux ces mouvements d’opinion. Localement, mon enracinement et l’équation personnelle ont beaucoup joué et j’y vois bien sûr une forme de reconnaissance de mon travail. Mais au plan national, si les forces politiques ne règlent pas les principales préoccupations des Français (la sécurité, le pouvoir d’achat, etc.), la colère va encore s’amplifier en 2027. Le bon résultat du R.N. en milieu rural y compris dans le Haut-Doubs s’explique aussi par ce sentiment d’abandon des territoires. Je pense qu’on touche là à la faute majeure de ces derniers gouvernements.

Càd : La Droite républicaine (nouveau nom des L.R.) aurait donc les solutions aux problèmes ?
A.G. : Les Français veulent deux choses : que les institutions ne soient pas bloquées et que la droite subsiste et ne soit pas absorbée par le macronisme ou le R.N. La droite n’est pas morte, loin de là, avec 200 parlementaires (dont les sénateurs), de nombreux élus dans les collectivités, une doctrine et un vrai projet. D’où le pacte législatif proposé par Laurent Wauquiez qui tend la main à tous ceux qui veulent travailler avec nous pour peser et proposer des vraies solutions aux problèmes. Je pense que le sens des responsabilités de tous les parlementaires doit être convoqué dans ce contexte où personne n’a la majorité. Peut-être faudra-t-il, au regard du blocage actuel, également réfléchir à une réforme des institutions de la Vème République. Je pense aussi qu’il faut rapidement songer à réinterroger la consultation du peuple, notamment à travers la pratique du référendum, là où les politiques ont été incapables de trancher sur des questions comme l’immigration, la démocratie sociale ou l’aménagement du territoire. Ce dernier point, je le répète, est fondamental. Quand dans un village il n’y a plus de commerce, plus d’école, plus de service public, plus d’office religieux, parfois même plus de mairie, tout ce qui faisait communauté, alors on aboutit à ces colères.

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