L'établissement qui compte 1 500 élèves et apprentis a basculé progressivement dans une autre forme d'enseignement : la pédagogie inversée. Retour d'expérience.
Le confinement met en évidence les progrès réalisés en communication digitale de masse avec des solutions qui permettent à tous les élèves de suivre leur programme scolaire sans quitter leur domicile. Pas sûr qu'un tel dispositif aurait pu être déployé 10 ans plus tôt. "Cours, conseils de classe, tout est maintenu à l'identique dans une logique de lycée virtualisé. On devait organiser un conseil d'administration qui sera sans doute reporté car on ne sait pas si le vote à distance est réglementaire", résume Antoine Neves, le proviseur plutôt confiant dans l'efficacité de cette virtualisation.
La mise en oeuvre n'a pas toujours été facile tout comme elle a aussi révélé des compétences informatiques insoupçonnées chez les enseignants les plus récalcitrants à l'outil. "On a démarré la continuité scolaire dans les meilleures conditions. Avec un temps de réglage et de formation, le lycée a basculé dans l'enseignement à distance à partir de jeudi dernier. A la place du planning horaire habituel, on organise quatre séquences quotidiennes en classe virtuelle et le reste fonctionne de façon asynchrone. Les élèves reçoivent les cours et les devoirs sont faits en commun. C'est le principe de la pédagogie inversée."
Avec une petite semaine de recul, le bilan semble positif. Les profs sont plutôt satisfaits. Certains élèves d'habitude réservés se montrent plus loquaces. La vie scolaire reste d'actualité avec des échanges qui portent sur l'assiduité, le décrochage, les problèmes techniques... Le personnel de santé scolaire est là pour accompagner les situations délicates.
Le fonctionnement du lycée Xavier Marmier repose sur l'investissement de 130 professeurs et 70 agents administratifs et techniques. "Aujourd'hui, tous les fonctionnaires d'Etat ont trouvé une mission. Seul le personnel employé par la Région est rattaché à la restauration et à l'entretien des locaux ne travaille pas. Cela représente une quinzaine de personnes" complète le proviseur. Une permanence technique reste de mise dans cette configuration de lycée "hors les murs" pour intervenir en cas de panne, d'incendie.
Toutes les matières ont droit de cité y compris les cours d'éducation physique plus axés sur des conseils de bien-être, de nutrition pour vivre au mieux son confinement.
Quand on l'interroge sur le respect des échéances, Antoine Neves affiche une certaine sérénité. "On tente de garder le même calendrier de préparation. Une question reste en suspens : l'évaluation des élèves. On sera aussi contraint d'annuler une partie des formations en milieu professionnel pour les Bac pro et les BTS."
L'efficacité de la virtualisation impose aussi de la responsabilisation de la part des élèves qui doivent faire preuve de plus d'autonomie. "De cette nouvelle organisation, il ressort des points positifs et d'autres négatifs. On n'est pas dans la plainte mais plus dans le constat. On a déjà organisé deux AG qui ont permis notamment de démystifier les outils. On est en train de faire un bond technologique assez phénoménal et je pense qu'il y aura des effets positifs à long terme."