L’entreprise “Fernand Hugoniot”, dont il est le gérant, en fut un des leaders à Montécheroux, considéré jusqu’au siècle dernier comme la capitale mondiale de la pince. L’entreprise vient d’emménager dans de nouveaux locaux au Russey.
Durement frappée par la concurrence asiatique, l’industrie de la pince n’existe plus à Montécheroux, qu’à l’état mémoriel. Le musée et l’association qui le gère perpétuent le souvenir de cette activité économique ayant naguère employé plusieurs centaines d’ouvriers. De repreneur en repreneur, “Fernand Hugoniot” est devenu la propriété de Paul Petit en 2020. “J’ai fait des études en microtechnique au lycée Edgar Faure à Morteau, puis j’ai d’abord travaillé comme régleur-programmeur dans une entreprise suisse”, confie le jeune entrepreneur de 32 ans.
En novembre 2017, associé à Benoît Faivre, il rachète la moitié des parts de “Fernand Hugoniot”. “Puis j’ai acquis la totalité de ses parts en 2020 et je viens d’emménager dans ce nouveau bâtiment de 600 m²”, se félicite Paul Petit. Il a même prévu une possibilité d’extension pour l’avenir (550 m²) afin de sécuriser sa croissance interne ou pourquoi pas externe. L’aménagement intérieur de ce bâtiment situé sur la zone des Butiques répond au double objectif d’efficacité et de confort au travail pour ses 5 salariés. Bien sûr l’usinage des pièces est automatisé et un lourd investissement a été consenti sur des équipements à commandes numériques. Mais l’intervention humaine reste fondamentale dans le soudage, le montage, le polissage et le gravage laser. “L’organisation de l’atelier est pensée en termes de réactivité aux demandes, de rapidité d’exécution et d’efficacité au niveau des marges financières”, ajoute Paul Petit. Il tenait également à un bâtiment aux dernières normes environnementales avec pompe à chaleur et panneaux photovoltaïques.
De ces locaux sortiront 50 000 pièces cette année, production en progression constante depuis quelques années. Mille pinces par mois, conditionnées directement pour la vente (emballage et code-barres) iront rejoindre les points de vente “Facom”. L’outillage à mains est le cœur du métier. Bien sûr, les pinces représentent toujours une bonne partie du chiffre d’affaires, mais d’autres pièces ont été développées, souvent en partenariat avec des clients. “Ma stratégie repose sur le savoir-satisfaire, c’est-à-dire ne plus vendre ce que l’entreprise sait fabriquer mais concevoir ce que le marché veut acheter”, précise Paul Petit. Il travaille en collaboration étroite avec Hermès pour créer et produire des outils spécifiques qui seront utilisés sur les sites de production de maroquinerie (pince à tirer le cuir, par exemple) ou dans les magasins du groupe (perçage de trou dans les bracelets de montre). “Nous travaillons avec eux depuis 18 mois sur une riveteuse particulièrement complexe qui devrait bientôt équiper tous leurs ateliers français”, ajoute Paul Petit. Ravi de travailler avec cet acteur du luxe qui le challenge dans sa façon d’innover, il loue également les rapports humains qu’il entretient avec leurs responsables. “La vie de chef d’entreprise n’est pas toujours facile et on a des moments de doute, mais j’ai une belle équipe qui rend cette expérience enrichissante et valorisante”, confie Paul Petit.