De plus en plus en difficulté sur la vente de tabac (prix en hausse,marché parallèle…), les points de vente du Doubs font aussi face à davantage de répression sur le jeu des mineurs. La Française des Jeux leur envoie de très jeunes clients mystères.

La tentation de gagner quelques sous (voire le gros lot) séduit y compris les plus jeunes. Certains adolescents n’hésiteraient pas ainsi à pousser les portes de leur buraliste pour s’offrir des tickets à gratter, quitte à se les voir refuser ou jouer d’astuce en mentant sur leur âge. “C’est un phénomène qui reste à la marge”, estime Frédéric Roland, patron du Celtic-bar aux Fins, le président des buralistes du Doubs et administrateur de la Confédération, “et auquel on a toujours été très sensible.” La principale difficulté pour les professionnels étant de déterminer l’âge exact du client. “En cas de doute, il nous suffit de demander la carte d’identité”, reconnaît-il. Mais tous ne le feraient pas systématiquement. Ce qui a conduit la Française des Jeux à innover, en envoyant des mineurs de 16-17 ans acheter des jeux d’argent chez des buralistes au hasard, accompagnés d’un inspecteur pour constater le délit.

La loi a interdit le jeu des mineurs en 2010.

Ces contrôles se font sous forme de visites mystères et débouchent sur différentes sanctions, allant de la formation à la suspension d’agrément, voire à son retrait en cas de non-conformités répétées. En 2023, 2 800 contrôles auraient ainsi été menés au niveau national, pour une centaine de suspensions d’après la F.D.J. Aucune donnée n’est, en revanche, communiquée par département, “mais généralement on a d’abord plusieurs avertissements, avant que la fermeture administrative ne tombe”, confirme Frédéric Roland.

La mesure se veut, semble-t-il, plus dissuasive que répressive. Les points de vente situés à côté des établissements scolaires ou dans des zones géographiques sensibles faisant souvent partie des premiers ciblés. “Il s’agit d’un dispositif sans équivalent en France, y compris dans le domaine de la vente de tabac ou d’alcool”, souligne la F.D.J., qui dit agir également sur la prévention du grand public et la formation de ses commerçants partenaires.

Du côté des buralistes, on fournirait aussi un certain nombre d’efforts. “On a mis en place une plateforme en ligne, il y a deux ans avec la Confédération, appelée Bob - pour buraliste officiellement bienveillant - pour partager les bonnes pratiques”, précise Frédéric Roland. Certains points de vente choisissent aussi de s’équiper de caméras intelligentes, pour déterminer l’âge des clients.

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Bien sûr, l’arrivée de nouvelles consommations (vape, C.B.D., etc.) ne facilite pas leur tâche, amenant à une vigilance supplémentaire. “Il est important qu’on montre à nos fournisseurs et à l’État qu’on est intransigeant, car si on veut que ces produits puissent être vendus, il faut qu’on soit irréprochable. Mais cela reste compliqué à appliquer dans les faits”, résume le représentant des buralistes du Doubs. Jeux d’argent et tabac ne sont plus les seules raisons de venue des mineurs. Restreindre l’accès des magasins, comme ce qui peut se faire dans les casinos, n’est pas plus envisageable “dans la mesure où on vend aussi des bonbons, de la presse jeunesse…” Par ailleurs, cela ne réglera pas le problème de la concurrence. “On ne met pas tant la pression aux magasins Gifi ou aux fêtes foraines qui vendent des puffs aux adolescents à la vue de tous, ou même aux épiceries de nuit dans lesquelles on trouve alcool et tabac”, souligne Frédéric Roland, qui aimerait “que tout le monde soit logé à la même enseigne.”


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