Pas de réouverture prévue avant fin octobre et aucune aide en vue…
Le QG, le Teasing, l'Antonnoir et toutes les autres discothèques ou bars de nuit bisontins ont multiplié les initiatives - pour l'instant en vain - afin d'obtenir le droit de rouvrir les portes de leurs établissements en formule bar uniquement. Les pertes s'annoncent colossales.
Ils gardent l'espoir, car ce sont des entrepreneurs avant tout, mais leur moral est au plus bas après quatre mois de fermeture et un chiffre d'affaires réduit à néant. Les patrons de boîtes de nuit bisontins n'ont toujours pas réussi à faire entendre leur cause auprès des autorités locales, malgré plusieurs réunions en préfecture et une rencontre récente avec la nouvelle maire de Besançon Anne Vignot. Pour l'instant, les autorités s'en tiennent aux directives gouvernementales qui ont annoncé une possible réouverture des établissements de nuit… fin octobre. Une perspective qui angoisse ces chefs d'entreprise employant au total plus d'une centaine de salariés sur la ville. "On vit tous le même calvaire" résume Cédric Constantin, directeur du Teasing, la boîte de nuit de Chalezeule.
Depuis la mi-mars, les 10 salariés du Teasing sont en chômage partiel et la quinzaine d'extras employés en renfort habituellement n'ont plus de ressources. Même chose pour les 25 employés du QG et pour tous les salariés du monde de la nuit à Besançon (l'Antonnoir, le Bristol, le Privé, le Styl…) dont les portes restent désespérément closes depuis quatre mois. "L'angoisse monte d'autant que nous n'avons aucune visibilité sur une éventuelle date de réouverture. On parle officiellement de fin octobre, certains évoquent même la mi-mars 2021. Cette situation n'est pas tenable" ajoute Matthieu Garny, le gérant du QG.
Pour ces deux boîtes de nuit, c'est un manque à gagner de plus de 150 000 euros par mois.
Le moral de ces patrons d'établissement de nuit joue au yo-yo depuis un mois. "On nous a dit mi-juin de nous tenir prêts à rouvrir car la situation sanitaire était bonne, on nous a dit que ce serait sans doute possible de rouvrir après la fin de l'état d'urgence sanitaire le 10 juillet et le lendemain, un décret ministériel tombait pour nous dire que la réouverture n'était pas possible !" résume le patron du QG. "Voir notre bateau couler lentement, c'est dur…" ajoute dépité celui du Teasing. Et la reprise actuelle de l'épidémie de Covid-19 en France n'est pas là pour les rassurer…
Pour ces deux plus grosses boîtes de nuit de Besançon (ils ont une jauge de 700 personnes chacun), le bilan financier est lourd : plus de 150 000 euros par mois à elles deux. "Et de grosses pertes pour l'Etat en termes de TVA, d'impôts sur les sociétés, etc." ajoute Cédric Constantin. Entre mars à décembre, ils évaluent donc leurs pertes à plus de 700 000 euros.
Ce qu'ils réclament, c'est une égalité de traitement avec les bars et restaurants déjà autorisés à ouvrir, et surtout ils mettent en avant les risques sanitaires encourus par les organisations de "free parties" ou de fêtes sauvages sans aucun contrôle. "Si on constate en ce moment certains débordements le soir dans Besançon, ce n'est pas un hasard" émet Jérôme Casas du QG qui estime que "le gouvernement est en train de cautionner les fêtes sauvages en distribuant du gel et des masques dans certaines free parties, alors que le protocole de sécurité que nous proposons depuis plusieurs semaines (pré-réservations, fermeture des espaces danse, aménagement des espaces détente pour respecter la distanciation, etc.) serait totalement en conformité avec les exigences sanitaires. C'est notre travail toute l'année de contrôler les éventuels débordements, alors qu'on nous laisse rouvrir !" Certaines villes (Angers, Tours…) ont déjà permis à leurs établissements de nuit de rouvrir en mode bar. "Alors pourquoi pas ici ?"
"Nous continuons à souffrir d'une mauvaise image de marque, totalement injustifiée !"
Ces patrons de discothèques craignent aussi la rentrée de septembre avec le retour des étudiants qui n'auront pas d'autres solutions que de faire la fête n'importe où, avec les risques que ces situations comportent.
Au final, c'est un sentiment d'amertume qui domine chez ces professionnels de la nuit, persuadés de pâtir d'une mauvaise réputation qui colle aux discothèques depuis des années. "Nous continuons à souffrir de manière totalement injustifiée d'une mauvaise image de marque. On nous met sans cesse sous pression" disent-ils.
Le seul espoir qu'ils nourrissent en ce milieu d'été : "Que le préfet nous donne l'autorisation d'ouvrir sous forme de bar. Et, avant tout, qu'on nous aide à passer cette période par des aides financières exceptionnelles. Un ballon d'oxygène, juste pour survivre." Sans quoi, certains établissements risquent bien de devoir mettre la clé sous la porte… A l'échelle nationale, 800 des 1 600 établissements de nuit seraient ainsi menacés de disparition.