Initié en 2008, le travail de passés au crible répertoire des sols de Franche-Comté s’est enfin achevé et a rejoint cet été les données nationales du géoportail de l’I.G.N.* Cette carte, en accès libre, dresse un panorama des principales caractéristiques des sols.

Jusqu’ici matérialisée par une zone grise sur la carte hexagonale, la Franche-Comté faisait partie des rares territoires avec ceux d’Outre-mer à ne pas être répertoriés. La faute à des données partielles, voire inexistantes par endroits, ne permettant pas véritablement de renseigner la nature des sols. Ce qui a amené l’I.N.R.A. (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), la Chambre régionale d’agriculture et l’Université de Franche-Comté (via l’U.M.R. Chrono-environnement) à se pencher davantage sur la question.

Exemples de relevés sur le terrain (photos U.F.C.).

« Les premiers échanges ont débuté en 2008 », se souvient Éric Lucot, pédologue au laboratoire Chrono-environnement, qui a travaillé dessus avec ses collègues Jean-Claude Monnet et Marc Briot. « On a commencé par inventorier tout ce qui existait sur les sols en région. Nous nous sommes servis des cartes existantes, des travaux de thèse, des documents qu’on avait à disposition… y compris la littérature grise. Puis, on a complété par des investigations sur le terrain dans les zones où on manquait d’informations. »

*Institut national de l’information géographique et forestière

La tâche, titanesque, les a amenés au fil des ans à réaliser divers sondages et analyses physico-chimiques aux quatre coins de la région. Mais aussi à mobiliser les autorisations et les financements utiles, expliquant pour partie le temps long de ces recherches.

Au final, 1 200 000 hectares ont été cartographiés et harmonisés durant ces 15 dernières années, dans le but d’offrir une meilleure connaissance des sols comtois. « Cela permet de donner un aperçu des principales caractéristiques dans une zone donnée. Savoir si c’est plutôt caillouteux, riche en matière organique ou acide », donne en guise d’exemple Éric Lucot.

Les informations données (à l’échelle 1/250 000ème) serviront derrière aussi bien aux chercheurs, qu’aux forestiers, aux exploitants agricoles, aux collectivités… Ce type de référentiel amenant souvent (au-delà des repères généraux) à d’autres travaux de recherche, diagnostics agronomiques et/ou environnementaux, ou études liées à l’aménagement du territoire comme l’explique ce spécialiste bisontin. « On peut nous solliciter pour obtenir des données plus complètes et nous avons déjà plusieurs demandes en attente. »

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Le fait de connaître les caractéristiques topographiques, physico-chimiques et hydriques des sols permet dans le même temps de répondre à un certain nombre d’enjeux, en lien avec les effets du réchauffement climatique, en donnant notamment un aperçu du réservoir en eau des sols agricoles ou forestiers, ou des risques de ruissellement ou d’érosion.

Finalisée il y a quelques mois et mise en ligne sur le géoportail de l’I.G.N., la cartographie des sols de Franche-Comté est officiellement accessible depuis cet été. Les plus curieux peuvent y compris s’en emparer, et s’amuser à comparer les profils des sols de leur zone d’habitation. « C’est très hétérogène. On a à la fois des zones profondes avec de grandes réserves d’eau et d’autres moins. C’est la particularité de nos contextes calcaires », souligne Éric Lucot. Cette diversité s’explique par « des résidus d’état géologique, qui ne sont plus présents mais dont les matériaux sont restés sur place après altération, et qui donnent par endroits des sols acides et pauvres en nutriments ».