Au centre hospitalier de Haute-Comté, 90% de l'activité est aujourd'hui axée sur la prise en charge de patients touchés par le Covid-19. Entretien avec Olivier Volle, le directeur.
La Presse Pontissalienne : A quoi vont servir les Algeco installés lundi à proximité des urgences ?
Olivier Volle : Ils vont permettre de faire des dépistages Covid-19 sans entrer dans les locaux. Cela va libérer de la place et sécuriser l'accueil des urgences habituelles sachant que le Covid-19 représente maintenant 90% de l'activité.
LPP : Comment l'hôpital s'est adapté à la gestion de l'épidémie ?
OV : On a rempli l'unité de médecine A avec 19 patients Covid-19. On occupe graduellement l'unité de Médecine B qui accueille 14 patients Covid-19, ce qui laisse cinq places disponibles. Il commence aussi à y avoir une rotation avec des patients guéris.
LPP : L'épidémie va s'amplifier ?
OV : On se prépare à un afflux plus massif avec un risque de saturation dans les services de réanimation. Pour le moment, le CHU Minjoz développe ses capacités en réanimation. Les cliniques de Besançon se mobilisent sur les flux aval alors qu'à Pontarlier comme à Dole on est à l'amont. D'ici la fin de semaine, on disposera de notre propre unité de réanimation-tampon avec 5 lits opérationnels. Cette structure nous permettra de temporiser la situation jusqu'à 48h avant d'envisager le transfert des cas critiques en ambulance sur Besançon. On a aussi engagé un cycle de formation à destination du personnel paramédical pour être prêt à faire face au pic d'activité.
LPP : Vous ne manquez de rien ?
OV : C'est tendu mais on arrive à gérer. On manque surtout de sur-blouses. On en consomme beaucoup sans pouvoir se réassortir. Il existe des palliatifs et on ne peux que souligner l'excellente mobilisation des entreprises et des habitants du Haut-Doubs pour leurs dons.
LPP : Et côté personnel ?
OV : L'arrêt de la chirurgie programmée a permis de récupérer du personnel. La situation n'est pas trop inquiétante à Pontarlier. C'est beaucoup plus tendu à l'hôpital de Morteau où il y a plus de contaminations et un vrai manque de personnel qu'on tente de pallier avec des étudiants de l'Institut de Soins Infirmiers.
LPP : Y a-t-il des cas Covid-19 signalés dans les EHPAD de Doubs ou de Levier ?
OV : On a un cas dans l'unité Alzheimer de l'EHPAD du Larmont à Doubs. C'est assez difficile de gérer le confinement en chambre avec ce type de patient. On peut avoir à imposer des situations de confinement provisoire en attendant le résultat de tests. La situation globale est là aussi sous contrôle. On avait fermé les EHPAD et équipé le personnel de masques avant les consignes. Le responsable médical de l'EHPAD de Levier a procédé ce matin à un confinement suite à une suspicion.
LPP : Qu'en est-il de la gestion du service de soins de suite à la clinique et du pôle psychiatrique du Grandvallier ?
OV : On a prévu que la clinique soit épargnée par les transferts de patients Covid-19. On s'interdit de les envoyer là-bas. On avait besoin de libérer de la place en médecine pour accueillir des patients Covid-19, ce qui supposait d'avoir des lits d'aval au service SSR de la clinique ainsi qu'à l'EHPAD du Larmont. Toute la chaîne a été mise à contribution. On a également autonomisé la structure du Grandvallier avec un accueil direct sans passer par les urgences.