Emma Desvignes, une auteure du Grand Besançon, a publié une autofiction en octobre dernier. La vie d’après retrace le combat d’une femme contre le cancer, et le bouleversement que la maladie opère sur sa vie de femme et sa féminité

Sortir du traumatisme par l’art. Ce constat a été la préface de la vie d’après d’Emma Desvignes. En septembre 2023, après des mois de combat contre le cancer du sein, la Grand Bisontine termine ses traitements lourds et doit commencer une hormonothérapie. C’est à ce moment que la déflagration, le tsunami comme elle le dit, manque de la balayer. “Quand on a le diagnostic de cancer, on entre dans un tunnel de soins, on est sur des voies avec l’hôpital, les soignants, il y a beaucoup d’espoir, du moral bas. Et puis, en septembre, plus rien. Pour les gens, une fois les traitements lourds finis, tout va bien”, se souvient Emma Desvignes.

Seule face à sa vie qui reprend, Emma se prend de face tout le contrecoup de la maladie. “Je ne pouvais pas reprendre le travail, j’étais très fatiguée, j’avais peur de l’hormonothérapie.” Alors, elle décide de coucher sur le papier, au départ pour elle, puis à des fins de publication, ses ressentis, son expérience, son témoignage pour les autres femmes atteintes par la maladie mais aussi pour les proches, les soignants. “L’annonce, c’est toujours violent, on vit un ascenseur émotionnel. Et on entend des maladresses. Plus tard, on en rit, mais sur le coup, c’est insurmontable. J’ai entendu la remarque : un cancer du sein, c’est bien, tu as de la chance.

Emma Desvignes raconte ainsi l’épisode extrêmement violent qu’elle a vécu avec une autre patiente. “La veille de l’intervention chirurgicale, un marquage est fait sur la zone à opérer. Les deux soignantes parlaient du choix de leur maillot de bain pour cet été… Bien sûr, la vie continue, les autres peuvent parler de ça, mais simplement fermer la porte pour éviter que l’on entende.”

L’écriture a également été cathartique pour l’auteure qui s’est rendu compte qu’elle avait intériorisé beaucoup de choses. Elle écrit ainsi dans son autofiction :

“Elle décida de ne pas en parler à Pablo, certes ils étaient en couple depuis plus d’un an et partageaient leur vie entre le domicile de l’un et de l’autre, toutefois Emma ne lui parlait pas de ses problèmes encore moins quand il s’agissait de sa santé… Et Emma savait très bien donner le change, c’était même une seconde nature chez elle, ne pas montrer, ne pas dire, ne pas inquiéter…”

La maladie, l’absence d’accompagnement du conjoint, a provoqué une rupture. “Après l’opération, on passe un scanner pour voir s’il y a des métastases. Quand j’ai reçu mes résultats, je les ai lus sur un banc, seule, et j’ai éclaté en sanglots quand j’ai vu qu’il n’y avait pas d’anomalies.” Ne souhaitant pas faire peser ça sur ses enfants et sa mère, Emma Desvignes se retrouve esseulée. Pour commencer à se reconstruire, Emma décide de rencontrer un psychologue, puis de faire appel à une association de bénévoles, Vivre comme avant. “Cela a été pour moi un énorme soutien, beaucoup de réconfort, il y a des échanges qu’on ne peut pas avoir avec nos proches. Ça m’aidait ce sur quoi je voulais aller.”

Le sport adapté, le bénévolat et l’écriture ont été les trois piliers de la construction de sa vie d’après. Emma Desvignes livre aujourd’hui un récit sensible et poignant en l’honneur de toutes les femmes touchées par la maladie, l’histoire d’une résilience qui fait du bien à l’âme.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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