Âgés de 90 ans, ils consacrent une grande partie de leur temps libre au milieu associatif. Fulbert, avec la complicité de son épouse répare et révise des machines à coudre
Fulbert Mougin entre comme V.R.P. chez Singer en 1957, après deux ans de service militaire en Algérie. Il épouse Marie-Thérèse en 1958. Ils ont d’ailleurs fêté en 2023 leurs noces de palissandre (65 ans de vie commune). Le slogan de la marque Singer à l’époque était “L’ami sincère”.
“On sillonnait les foyers de la région, il y avait peu de magasins dans ces années. Notre clientèle était gâtée, on vendait, on livrait, on faisait des démonstrations… mais on révisait et réparait aussi les machines”, se souvient Fulbert.
À l’heure de la retraite, ses connaissances sont mises au service de particuliers ou d’associations. Il a notamment reconditionné des machines à destination du Cameroun pour les sœurs des Fontenelles. Sa réputation sur le plateau de Maîche lui amène aussi nombre de particuliers qu’il dépanne.
Dès l’ouverture de la recyclerie Rebon à Maîche, ils participent à l’aventure. “C’est super d’être bénévole et d’aider à la fin de sa vie”, confie Marie-Thérèse, qui entre autres activités chante pour les résidents de l’E.H.P.A.D.
La crise sanitaire a remis en avant la couture avec la production de masques et de blouses. De nombreux cours ont repris un peu partout sur le territoire, faisant ressortir des placards les vieilles machines à coudre. “La couture, c’est un plaisir. Et quelle fierté de dire que l’on a réalisé un vêtement toute seule !”, se félicite Marie-Thérèse.
En deux ans, ils en ont vu passer 300 dans l’atelier improvisé dans la véranda de leur maison. “Certaines sont rouillées, il faut les dégripper. Parfois on ne peut rien faire, mais c’est rare”, note Fulbert. Les machines anciennes sont solides et les pièces détachées se trouvent encore facilement. Ils préconisent d’ailleurs l’achat d’une machine ancienne révisée en acier, plutôt que celles fabriquées au Vietnam de la grande distribution. Celles qui sont irréparables sont démontées et alimentent son stock. “J’aime le travail bien fait, je n’ai jamais eu de retour. De toute façon, je laisse mon nom et mon numéro de téléphone et les gens peuvent revenir vers moi en cas de problème”, poursuit-il.
“Je suis son second, j’aide. Il est mécanique, il sait tout faire”, s’amuse son épouse. “On vit normalement sans excès, mais on ne se prive de rien. Une petite coupe de champagne de temps à autre avec la famille ou les amis cela fait du bien”, avoue Fulbert, même s’il confesse avoir connu des ennuis de santé comme tout un chacun. “Nous ne nous ennuyons jamais, tous les jours nous avons de quoi nous occuper. Comme cela, on ne vieillit pas”, ajoute Marie-Thérèse.
Les deux complices pensent à l’avenir et souhaitent transmettre leurs connaissances. Ils forment un jeune couple de bénévoles, Évelyne et Pascal Jeunot de Saint-Hippolyte, qui leur succéderont dans cette belle mission. Continuer à profiter de la vie en apportant du bonheur aux autres reste leur philosophie.