L’appel d’air de la Suisse en termes d’emploi rebat les cartes du marché de la location immobilière. Des voix s’élèvent sur la nécessité de maintenir une mixité sociale sur le territoire.
Les néo-frontaliers arrivant sur le territoire à la recherche d’un emploi en Suisse ne disposent généralement d’aucune garantie financière pour louer un logement. Ils sont bien souvent contraints de trouver des solutions temporaires avant d’envisager une acquisition. “C’est vrai que depuis notre reprise de la gestion du camping Bleu Vert, nous accueillons quelques candidats au travail en Suisse. Les loyers sont chers sur le secteur et il arrive que notre gîte serve même de logement d’urgence”, constate Mickaël Bonsens. Même son de cloche au gîte Les Balcons du Val, où Michel Bernard reconnaît avoir de plus en plus de demandes de jeunes en recherche d’emploi.
Des offres de locations saisonnières (“Airbnb” ou similaires) commencent à fleurir dans toutes les communes et ce, en dehors de la période touristique. “Nous avons d’énormes demandes de location de la part de futurs frontaliers mais aussi de personnes venant travailler dans des entreprises industrielles ou de service locales. Sans parler de crise, la situation se tend également au niveau de l’accession à la propriété et la construction de logements neufs est en baisse”, constate Émeric Spielmann, manager de l’agence Century 21 à Maîche.
Certains frontaliers, bénéficiaires de logement sociaux parfaitement éligibles à leur arrivée sur le territoire, devraient se tourner vers le privé. Les opérateurs peuvent augmenter les loyers en fonction des revenus, mais ne peuvent pas contraindre les locataires à quitter ces logements. Tous ces facteurs renforcent l’inégalité de l’accès à un logement décent et au juste prix pour tous. “Nous avons de plus en plus de familles mono-parentales avec 2 ou 3 enfants. Comment voulez-vous qu’elles puissent assumer un loyer de 700 euros avec un salaire français ?”, s’indigne Valérie Pagnot, maire de Bonnétage et conseillère régionale.
Elle fait partie de ces élus qui prennent le problème à bras-le-corps. “La commune a acquis une vieille ferme comtoise qu’Habitat 25 va rénover et diviser en 8 appartements à loyer modéré”, poursuit-elle. Il s’agit d’un budget de plus d’1 million d’euros que le village ne pouvait se permettre sans aide financière. “Les bailleurs sociaux ont la faculté d’emprunter à taux réduit sur de longues périodes et équilibrer ce genre d’opération. Ce sont des opérations gagnantes-gagnantes au service de la population”, précise-t-elle.
Le manque est également flagrant sur des petites surfaces. On parle ici d’un public jeune, voire d’apprentis, qui ne peuvent pas se payer les tarifs devenus prohibitifs pour un studio ou un F2. “Nos collectivités doivent s’emparer de la question, devenir proactifs dans ce domaine et manifester une volonté politique de mixité sociale”, plaide Valérie Pagnot