Venu travailler pendant un an dans une entreprise de menuiserie du Haut-Doubs, Adam Chauvot, 24 ans, a également pris le temps de réaliser son chef-d’oeuvre qui lui vaut aujourd’hui d’être compagnon menuisier du devoir.

Son nom de compagnon est déjà tout un poème : “Le pays Chauvot, compagnon menuisier du devoir Adam le Champagne.”

“Dans l’histoire, les compagnons ont parfois bravé des interdictions de circuler, c’est pour cela qu’ils ont adopté ce type d'identification”, explique Adam Chauvot, originaire de Champagne-Ardenne.

Avec lui, on peut parler de vocation tardive. Après le collège, il prépare et décroche un Bac littéraire avec l’idée de se former en psychologie. “Le déclic est arrivé le jour où j’ai accompagné un ami qui est allé faire réparer son violon chez un luthier. Là, j’ai compris que je n’étais pas fait pour vivre derrière un bureau.” Il a tout juste 18 ans et s’engage alors chez les compagnons en menuiserie.

Le maître aspirant Adam Chauvot est devenu compagnon du devoir en menuiserie.

Un parcours qui débute à Nancy, le temps de préparer en deux ans un C.A.P. de menuiserie. Il débute ensuite son temps de France, part chez les compagnons à Tours où il passe un second C.A.P. d’installateur, toujours en apprentissage. “Je ne voulais pas m’arrêter là. Donc j’ai poursuivi ma formation pendant 8 mois à Bordeaux où j’ai commencé à préparer un brevet professionnel en fabrication. J’ai continué pendant 4 mois à Marseille pour terminer la seconde année à Caen où j’ai obtenu mon diplôme.”

La suite prend forme à la maison des compagnons de Besançon qui gère le secteur de la Franche-Comté. “Je suis arrivé en septembre 2023 avec l’intention de suivre une formation complémentaire sur les machines à commandes numériques. J’ai trouvé un emploi de salarié à La Cluse-et-Mijoux, plus précisément à la menuiserie Girod qui fabrique des escaliers, portes et fenêtres, et fait de l’agencement. C’est très varié et cela permet d’être plus polyvalent.”

200 heures de travail pour a réalisation de ce chef-d’oeuvre en forme de socles en frêne et en chêne qui seront utilisés pour des cérémonies compagnonniques.

Quand il n’est pas au travail, Adam Chauvot vit à Lièvremont dans une “campagne”, demeure où sont hébergés d’autres compagnons. Cette année de séjour en Franche-Comté est aussi consacrée à la réalisation de son chef-d’œuvre, un projet mené avec Justin Merle, un autre compagnon menuisier. “On a commencé le projet en février. Il s’agit de fabriquer des socles en chêne et en frêne qui seront utilisés pour des cérémonies compagnonniques. C’est un passage obligé pour devenir compagnon du devoir. Auparavant, j’étais maître aspirant.” Ce chef-d’œuvre représente 200 heures de travail. Il a fait l’objet d’une première validation avant de passer à la cérémonie de réception qui s’est tenue le 21 juin dernier à Besançon.

Le travail et la formation occupent une grande place dans la vie des compagnons. Après ses journées à La Cluse-et-Mijoux, Adam Chauvot rentre à Lièvremont où il suit des cours du soir de 20 heures à 22 heures. “On fonctionne beaucoup en autoformation. Avec mon collègue, on se retrouvait tous les samedis à la maison des compagnons de Besançon pour travailler à l’atelier.”

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L’épisode comtois touche bientôt à sa fin. En septembre, le jeune compagnon du devoir va s’installer à Paris avec un poste de responsable de corporation. “Pour faire simple, je vais gérer une classe de menuiserie. Chez nous, la transmission est une valeur essentielle. Après ce poste, je partirai un an au Mexique. Il me restera encore deux ans pour terminer mon compagnonnage. J’aimerais être prévôt, qui désigne chez nous le directeur d’une maison des compagnons. C’est un travail plus administratif, mais une compétence nécessaire à acquérir.”

Adam Chauvot a eu la chance de participer à la grande aventure de la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Avec deux autres compagnons menuisiers, ils ont fabriqué pendant trois mois à l’ancienne un escalier hélicoïdal. “Le compagnonnage, c’est la meilleure décision de ma vie. Au-delà des savoirs, il y a beaucoup de fraternité et de vertus comme l’honnêteté, la patience, la discipline…” Cette vie trépidante laisse un peu de place à quelques loisirs personnels, en l’occurrence, la pratique du footing, la visite d’expositions, et l’écoute de musique électronique et de la variété française.


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