Le coup de gueule d'une aide à domicile pontissalienne
"On est le dernier maillon de la chaîne", s'emporte Laurence Fournier, assistante de vie dépendance qui n'a plus accès aux masques médicaux réservés uniquement aux soignants.
Elle s'est mise à son compte depuis deux ans en créant l'entreprise d'aide à domicile Haut-Doubs Seniors basée à Chaffois. "J'interviens principalement auprès de personnes âgées en leur proposant diverses prestations : toilettes, ménage, préparation des repas, courses, linge..." Plus qu'un métier, une vraie vocation, une présence, une écoute bienveillante. Le travail ne manque pas, surtout en plein confinement avec un public qui ne reçoit guère pour certains qu'une seule visite par jour, celle de cette assistante de vie dépendance. "On sent que les personnes âgées sont inquiètes."
Soucieuse de la santé de ses "clients" et de la sienne, Laurence Fournier exerce sa profession en respectant du mieux possible les mesures de protection : utilisation de masques, gants, gel hydroalcoolique... À chaque visite une nouvelle tenue.
"Depuis le début du confinement, j'utilisais un stock de masques. Il m'en faut au moins une dizaine par semaine. Je suis allée récemment en pharmacie pour en acheter. On m'a répondu qu'ils étaient réservés aux médecins et infirmières libérales. Le pharmacien m'a quand même proposé trois visières. D'un côté, je comprends tout à fait que les soignants soient prioritaires mais c'est aussi aberrant qu'en tant qu'aide à domicile, on n'ait droit à rien sachant qu'on côtoie tous les jours des personnes âgées, à risques. Sans masque, je mettrais leur vie en danger et la mienne."
On m'a répondu qu'ils étaient réservés aux médecins et infirmières libérales
Pourquoi alors ne pas se procurer des masques non conventionnels disponibles ici ou là ? Elle répond qu'elle n'aurait pas le temps de les laver à 60°C après chaque utilisation.
Que va-t-il advenir ? D'ici quelques jours, elle risque d'être en pénurie de masques. "La veille du confinement, le président Macron nous a indiqué qu'on devait se préparer à entrer en guerre, je répondrais volontiers que je ne vais pas dans ce type de guerre sans masque. Sauf que, si je ne vais plus au travail, je peux mettre la clef sous la porte. C'est aussi simple que cela."
De quoi amplifier encore ce sentiment de désintéressement vis-à-vis d'une profession, celle des aides à domicile, qui souffre d'un gros manque de reconnaissance. "On a vraiment l'impression d'être le dernier maillon de la chaîne."
À l'heure où l'on n'en finit plus de s'émerveiller de la générosité des uns et des autres, n'oublions pas ces métiers qui ont aussi besoin de protections efficaces.