Lors de la dernière assemblée départementale, le groupe Doubs Social Écologique et Solidaire n’a pas voté le plan de développement du V.T.T. qu’il qualifie de “mascarade.” Il s’en explique.
Le désaccord remonte à juin dernier, il est monté d’un cran lors de la dernière séance publique du Conseil départemental du Doubs fin septembre. En cause, la façon dont la majorité départementale a empoigné son projet de développement du V.T.T. à l’échelle du département. “La négligence des élus de la majorité a atteint des sommets avec cette volonté de l’exécutif d’attribuer la définition de la stratégie V.T.T. du département directement à l’association Espace Nordique Jurassien (E.N.J.). Cette procédure ne nous apparaissait pas réglementaire. Bien conscient du risque juridique encouru, un rapport proposé en Commission permanente revenait sur la précédente délibération et actait, cette fois, le lancement d’un appel à projets pour le développement de l’offre V.T.T. dans le Doubs. Nous avons voté contre cette mascarade” commente Raphaël Krucien, le chef de la file du groupe minoritaire.
En décidant en juin d’attribuer le dossier directement à Espace Nordique Jurassien - “un acteur dont le siège est à Champagnole, bien connue pour sa centralité dans le Doubs” ironise M. Krucien -, les élus de la majorité s’exposaient sans doute à un vrai risque juridique. Raison pour laquelle lors de la dernière commission permanente la majorité a fait marche arrière en lançant cet appel à projet. Dans la première mouture du projet, le Département avait décidé de verser 70 000 euros d’argent public à l’E.N.J. tous les ans pendant trois ans afin de financer des postes pour cette mission, et d’injecter 2 millions d’euros d’investissements sur les trois prochaines années pour développer la pratique V.T.T. “Le tout sans concours et sans marchés publics” insiste l’opposant.
Suite du feuilleton cet automne quand la majorité décide donc en commission de lancer une procédure de concours. Pour le groupe Doubs Social Écologique et Solidaire qui s’est abstenu de voter cette décision, les dés sont pipés. “L’E.N.J. a forcément une longueur d’avance, il avait même déjà préparé les annonces pour recruter. Cette structure aura forcément un avantage par rapport aux autres. Nous refusons de nous associer à cette procédure. Selon nous, cette façon de procéder est une entrave à la libre concurrence” enchaîne Raphaël Krucien, “d’autant qu’on ne peut pas dire que l’E.N.J. soit vraiment spécialisé dans le V.T.T.”
Au-delà de la forme, la minorité départementale critique aussi le fond de ce dossier qui semble vouloir centrer ses efforts sur le massif du Jura, notamment le secteur de Métabief. “Pourquoi cette politique de développement du V.T.T. dans le Doubs ne concernerait-elle pas aussi le Grand Besançon où il se passe aussi beaucoup de choses, et le pays de Montbéliard ?” se demande aussi le groupe de gauche. Le plan préparé par le Département consisterait notamment à créer 4 pôles V.T.T. complémentaires sur le seul territoire de la Communauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs.
Dans sa volonté de promouvoir le V.T.T., le Département du Doubs organisera, fin 2023 ou début 2024, les premières rencontres départementales du V.T.T. dans le Doubs. L’occasion de clarifier les positions sur ce dossier ?
RÉACTION - Philippe Alpy
“Cette polémique créée par l’opposition me paraît bien basse”
Président de la commission tourisme, également membre du conseil d’administration de l’E.N.J., le conseiller départemental Philippe Alpy réagit à cette charge de l’opposition.
La Presse Pontissalienne : Comprenez-vous les critiques de l’opposition concernant la gestion du dossier V.T.T. ?
Philippe Alpy : Ce dossier part d’un très bon sentiment qui est de dire : comment fédérer au mieux tous les acteurs qui travaillent sur le champ du tourisme et du V.T.T., notamment les E.P.C.I. de ce département, les offices de tourisme, le Département, pour aboutir à une structuration attractive du territoire en matière de pratique loisirs du V.T.T. et de remise à niveau ou de création de nouveaux itinéraires ? Car beaucoup de parcours sont devenus obsolètes. Pour cela, il nous faut un organisme qui ait une vision transversale du territoire, qui soit un spécialiste de l’itinérance. L’E.N.J. paraissait le mieux placé pour cela. (N.D.L.R. : nous précisons que Philippe Alpy en tant que membre du C.A. de l’E.N.J. n’avait pas participé au vote). Ayant entendu l’opposition émettre ces critiques, la présidente du Département a changé d’approche et relancé la démarche. Cette polémique créée par l’opposition me paraît bien basse.
L.P.P. : En changeant de méthode, c’est une manière de reconnaître que la majorité s’était trompée ?
P.A. : La présidente a souhaité se prémunir de tout problème éventuel, peut-être que quelques éléments de procédure n’avaient pas suffisamment été pris en compte, mais on ne recule surtout pas sur cette question. Le chantier reviendra à l’ordre du jour quand la procédure de consultation sera arrivée à son terme. On a déjà vu tant de fois des opérateurs choisis à l’issue d’une telle procédure et qui ne se sont pas avérés les plus compétents. Nous verrons bien si l’E.N.J. est retenu. Sera choisi l’opérateur le mieux placé et le plus compétent sur cette question.
L.P.P. : L’opposition reproche aussi de concentrer les efforts sur la partie haute du territoire et notamment le secteur de Métabief et du Mont d’Or. Que lui répondez-vous ?
P.A. : Nous avons l’habitude de ce genre de procès d’intention avec la saline d’Arc-et-Senans, plus récemment avec le F.C. Sochaux. L’opposition cherche toujours à nous mettre en défaut concernant une soi-disant iniquité territoriale. Le développement du V.T.T., nous voulons justement le voir à grande échelle, et même raisonner à l’échelle des Montagnes du Jura. Il se trouve que dans le secteur de la communauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs, cette question du V.T.T. a déjà été engagée et réfléchie depuis longtemps avec les acteurs du territoire et que ce territoire a une longueur d’avance, tant mieux ! Nous engageons une démarche cohérente, l’opposition est dans son habituelle posture.