Avec son épouse Marianne, Daniel Leroux fait vivre depuis bientôt 50 ans les traditions et le patrimoine du Haut-Doubs à travers La Racontotte. Si l’histoire de la revue s’arrêtera bientôt, l’ancien élu local continuera sans cesse à cultiver sa passion pour les mots et la poésie.

“Quand on s’est installés ici au début des années soixante-dix, on nous prenait pour des communistes !” sourient aujourd’hui Daniel Leroux et son épouse Marianne. Il faut dire qu’à l’époque, le couple venu de Besançon - lui était professeur de lettres au lycée Victor-Hugo, elle infirmière cheffe de service à Saint-Jacques -, avait choisi de tout plaquer du confort de la ville pour l’isolement d’un petit village du Haut-Doubs, Mont-de-Laval, et ses paysages dont ils étaient tombés éperdument amoureux.

“Nous avions découvert le Haut-Doubs par hasard, en venant au Barboux pour soigner un de nos fils qui avait besoin du bon air de la montagne. Depuis, nous y revenions à la moindre occasion, dans un logement que nous louait à l’année Pierre Maillot, au Barboux. On avait ce logement à notre disposition pour 20 francs par jour, quand on voulait, et on ne payait que quand on venait. Difficile d’imaginer ça aujourd’hui ! Nous avons reçu là-bas un accueil formidable. En sillonnant le Haut-Doubs, en rencontrant les dernières personnes qui parlaient le patois, je me suis passionné pour cette culture. Jusqu’à ce qu’on trouve cette ferme à Mont-de-Laval. Nous avons définitivement quitté Besançon en 1970” rembobine Daniel Leroux.

Daniel Leroux dans l’atelier où sont façonnés les numéros de La Racontotte, toujours cousus artisanalement par son épouse Marianne.

La passion du terroir, l’enseignant n’a cessé depuis de la cultiver. En véritable enquêteur, encouragé par des spécialistes comme l’Abbé Garneret, il compilera des milliers d’informations sur les traditions, les savoir-faire et le parler local. Autant de matière qui lui donnera quelques années plus tard l’idée de créer La Racontotte, une revue dédiée à la nature et aux traditions comtoises qui fêtera l’an prochain ses 50 années d’existence. “Je n’avais aucun moyen à l’époque pour lancer une telle revue. C’est grâce à l’imprimeur André Genre à Morteau que j’ai pu sortir le premier numéro. Il nous a bien aidés” se souvient Daniel Leroux.

Depuis 50 ans, avec l’aide précieuse de sa femme Marianne qui compose tous les dessins illustrant La Racontotte, et l’apport de contributeurs érudits, Daniel Leroux édite à raison de trois ou quatre numéros par an, cette revue qui traite des traditions locales à travers des articles au contenu rigoureux, exigeants. Ponctuée de textes poétiques, La Racontotte est une sorte d’ovni éditorial, qui continue, après 123 numéros sortis, à avoir ses fidèles lecteurs, d’ailleurs bien au-delà du Haut-Doubs.

Le dernier numéro de La Racontotte, sorti il y a quelques semaines, est toujours en vente dans les kiosques.

Seulement, à 80 ans désormais passés, Daniel Leroux songe à mettre un terme à cette aventure éditoriale qui perdure depuis près de 50 ans. Sans doute que le cinquantième anniversaire de La Racontotte en 2025 sonnera la fin de l’aventure.

Mais ce ne sera pas la fin de l’histoire éditoriale pour autant. Car à côté de sa revue, Daniel Leroux a créé l’Atelier du Grand Tétras, une maison d’édition qui publie des auteurs, poètes pour la plupart. “Nous avons déjà édité près de 80 poètes de toute la France, pour plus de 250 textes au total. Cet atelier est une grande fierté pour moi” note M. Leroux qui continue à parcourir les salons littéraires, notamment celui de la poésie à Paris pour promouvoir sa maison d’édition.

Au cours de sa vie, l’homme de Mont-de-Laval aura occupé bien d’autres fonctions. À l’arrivée du couple Leroux dans ce village proche du Russey, Daniel aura été metteur en scène de théâtre et créateur d’une compagnie qui a su fédérer les jeunes parfois désœuvrés du village et créer avec eux une véritable scène rurale qui aura animé la commune pendant plusieurs années. Avant de devenir maire par un concours de circonstances étonnant en 1995. “J’ai été élu la première fois sans même me présenter ! Il n’y avait eu aucun candidat cette année-là. C’est ma femme, le soir du scrutin, qui m’a appris que les gens du village m’avaient inscrit sur le bulletin…”

Daniel Leroux aura également été conseiller général du canton du Russey entre 1999 et 2011, sollicité à l’époque par Jean-François Humbert qui voyait en M. Leroux un parfait candidat pour allier les valeurs de l’écologie, de la ruralité avec celles de la droite républicaine qu’il incarnait. “J’ai toujours voulu garder mon indépendance d’esprit quand j’étais élu. Mes valeurs, c’étaient la justice territoriale, le pragmatisme, l’ouverture” note l’ancien élu dont il n’avait finalement de l’écolo de gauche que les atours. Mais comme brouillant malicieusement les cartes, c’est bien de la droite sociale et républicaine qu’il se revendiquait.

La politique est désormais derrière lui. Reste aujourd’hui pour occuper les journées toujours bien remplies de Daniel Leroux la passion des mots, de la poésie, de l’écriture. Car l’homme est également romancier. Une autre facette de ce personnage reconnaissable entre mille, barbe fournie et chaînette à la poche du gilet, la pipe jamais bien loin. Un personnage qu’on croirait tout droit sorti d’une France d’antan. Celle où l’histoire, les traditions d’un terroir, et le goût des choses bien faites sont toujours bien ancrés, comme il l’est lui-même à ces valeurs de toujours qu’il continue inlassablement de perpétuer.


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