L’hiver particulièrement doux de cette année n’est pas non plus une bonne nouvelle pour les arbres fruitiers. Les explications d’un spécialiste.
Avec l’arrivée du printemps, c’est le temps du jardinage qui revient, et de l’entretien de ses végétaux. Comme chaque année, l’association Autour d’un jardin basée à Montlebon organise des ateliers dédiés à l’entretien des arbres ou des plantes, animés depuis une dizaine d’années par un spécialiste de la question, Cyrille Parratte, professionnel de la taille des arbres et naturaliste (voir les dates ci-dessous). “Les conseils que nous donnons à l’occasion de ces ateliers sont importants car on s’aperçoit que beaucoup de personnes ne taillent pas leurs arbres dans les règles de l’art. Nous leur donnons les clés pour qu’ils s’améliorent”, note le spécialiste.
Mais un autre élément est en train de bouleverser la discipline, c’est le réchauffement climatique. Cet hiver particulièrement doux inquiète le spécialiste. “Avec les températures douces que nous avons eues cet hiver, les arbres ne se sont pas mis en dormance. Ils n’ont perdu leurs feuilles que fin octobre car il ne faisait pas assez froid et de ce fait, la sève a commencé à remonter dès la fin janvier. Or, pour bien fonctionner, l’arbre a besoin d’une bonne période de repos hivernal” explique Cyrille Parratte. Résultat : on peut s’attendre à une floraison beaucoup trop précoce qui risque de subir les gelées tardives de mars ou d’avril et donc une destruction d’une partie des fruits futurs. Certains poiriers en façade avaient déjà commencé à fleurir dans le Haut-Doubs début mars. Beaucoup trop tôt.
“C’est mal parti, car beaucoup trop avancé” confirme le naturaliste. La chaleur estivale et automnale est également très néfaste à l’arbre. S’il en souffre, il va arrêter de produire des fruits pour protéger sa propre santé et se prémunir de son dépérissement. “Raison pour laquelle il n’y a pas eu beaucoup de fruits l’an dernier.”
Pourtant, le Haut-Doubs possède une riche diversité en termes d’arbres fruitiers. Les anciens des Gras connaissent encore l’existence de la prune du Rozet (un hameau du village à l’abri de la bise), comme ceux de la vallée du Dessoubre connaissent la pomme du Saucet. Un vrai patrimoine local que le dérèglement climatique pourrait donc mettre à mal.