En avril prochain, deux professeures d’histoire-géographie du lycée Edgar-Faure souhaitent emmener 49 élèves de Terminale sur les traces de la Shoah, de Paris à Auschwitz en passant par Berlin. S’inscrivant dans un projet d’études sur deux ans, ce voyage a un coût important. Les élèves font appel à la générosité des particuliers et des entreprises
Ce projet puise ses racines il y a quelques années sous l’impulsion de Jean-Michel Blanchot, professeur au lycée Faure mais aussi et surtout président du Souvenir français du comité du Val de Morteau et du pays sauget. Ce projet "Sur les traces de la mémoire de la Shoah du Val de Morteau à Auschwitz" raconte plusieurs histoires qui toutes convergent vers l’Histoire. Et les élèves du lycée Faure, spécialité histoire géographie géopolitique sciences politiques, s’inscrivent dans la marche de l’Histoire grâce à leur investissement.
Comme souvent, la petite histoire rejoint la grande. Plusieurs événements dans l’actualité ont nourri leur travail. D’abord, en 2017, Jean-Michel Blanchot s’était penché sur le destin des enfants Szpiro, originaires d’une famille polonaise ayant fui la misère et les pogroms, qui s’étaient installés dans le Val de Morteau. En 1942, les jeunes Val Mortuaciens sont déportés à Auschwitz. Une brochure a été éditée à cette occasion sur laquelle les élèves ont travaillé l’année dernière. Car depuis deux ans, les adolescents ont travaillé sur les traces de la Shoah, dans le Val de Morteau.
L’inauguration du sentier Michel-Hollard à Montlebon et l’érection d’une stèle dédiée aux passeurs du Val de Morteau (arrêtés et déportés) ont été l’occasion de plonger dans l’histoire locale. Mais c’est dès 2017 que l’équipe enseignante a eu la volonté d’emmener les élèves à Auschwitz. À cela s’ajoute la venue à plusieurs reprises de Ginette Kolinka, survivante du camp d’Auschwitz et passeuse de mémoire de la Shoah.
"Si d’un côté, les élèves ont montré un très grand intérêt, nous avons aussi pu remarquer leurs lacunes dans la connaissance de la Shoah. Certes, ils connaissent le génocide juif mais ne peuvent pas expliquer le mot Shoah. Le camp d’Auschwitz est aussi bien sûr connu mais de manière très schématique ; ils ont souvent des idées complètement fausses du camp", relèvent les deux professeures Marylène Rognon et Hélène Gachod, en charge de ce projet.
Un voyage en avril viendra concrétiser tout ce travail mémoriel, d’abord à Paris au Mémorial de la Shoah pour suivre la trace des enfants Szpiro et se rendre compte de la manière dont la mémoire collective de la Shoah se construit. Le voyage se poursuivra jusqu’à Berlin, sur les traces du nazisme. "Nous remarquons parmi les élèves une montée des idées extrémistes qui s’inscrit dans un contexte européen favorable au populisme", signalent les professeures. "C’est pourquoi nous avons voulu étoffer ce voyage avec une étape à Berlin."
Il se conclura par la Pologne, Auschwitz et Cracovie. Dense et ambitieux, ce voyage a un coût important estimé à 1 000 euros par élève. L’établissement ayant interdit de demander plus de 420 euros aux familles, le lycée se démène pour obtenir des subventions, notamment de la Fondation de la mémoire de la Shoah. Les élèves s’investissent dans des actions comme la vente de chocolats ou l’emballage de cadeaux dans les grandes surfaces de Morteau. Mais le budget n’est pas bouclé. Alors l’appel est lancé auprès de possibles futurs mécènes, entreprises comme particuliers.