Ouvrent, ouvrent pas ?... Après quelques jours d'incertitude, les magasins de matériaux ont été obligés de poursuivre le travail. Mais l'activité n'est pas à la hauteur. Le point à Morteau.
Depuis le 15 mars, c'est un peu la valse des décisions dans ces commerces considérés d'abord comme non essentiels, mais que le gouvernement a ensuite fortement incités à ouvrir au nom du principe de continuité de l'économie nationale. C'est le cas par exemple à la Serac-Tout Faire à Morteau.
Ce magasin de négoce qui emploie 18 personnes a dû changer son fusil d'épaule plusieurs fois en quinze jours. "Au départ, on n'était pas considérés comme un commerce essentiel. Le 16 mars, j'avais donc dit à un tiers seulement de mon personnel de venir, mais on a été littéralement envahis de clients qui achetaient de tout en disant "Donnez-nous ce qu'il vous reste." C'était assez surréaliste" raconte Xavier Billod, le dirigeant.
Des particuliers mécontents
Deuxième épisode dès le lendemain avec le confinement : le nombre de particuliers a brutalement chuté et la Serac décide alors d'organiser des permanences d'ouverture le matin de 8h à 10h, réservées aux seuls professionnels. Sauf que... "Dès le lendemain jeudi, le gouvernement nous a demandés impérativement d'ouvrir pour ne pas bloquer l'économie. Le 23, on rouvrait donc en effectif réduit : la moitié du personnel travaille un jour, l'autre moitié le lendemain. Mais on n'ouvre plus qu'aux professionnels, ce qui a fait hurler des particuliers qui ne comprenaient pas qu'on leur interdise l'accès au magasin et au show-room. Comme si acheter un carreau de carrelage en ce moment était vital..." soupire Xavier Billod.
Depuis plusieurs jours, le système mis en place à la Serac-Tout Faire permet aux professionnels de passer commande, par téléphone ou par mail, "et ils viennent ensuite retirer leur matériel comme dans un drive." Les particuliers, eux, peuvent toujours passer commande et ils se font livrer par les chauffeurs Serac.
Avec ce nouveau système d'organisation imposé par les décrets, l'activité de la Serac a pris un sérieux coup de mou car de plus en plus de ses clients professionnels (les entreprises du bâtiment) cessent l'un après l'autre leur activité. "Sur nos 40 plus gros clients pro, une poignée seulement continue de travailler. Nous sommes en ce moment à - 60% de notre chiffre d'affaires" confie Xavier Billod.
Le casse-tête du chômage partiel
L'autre casse-tête, et non des moindres, qui n'est pas encore résolu à la Serac Morteau, c'est la question du chômage partiel de ses salariés. "On nous a dit qu'on n'y avait pas droit, mais nous sommes bien obligés de faire la demande, sinon, comment pourra-t-on s'en sortir si je dis à mes salariés qu'ils sont en congés à mi-temps ?" se demande le patron qui compte sur la bienveillance du gouvernement pour accepter sa demande d'activité partielle.
Pendant ce temps-là dans le Haut-Doubs, tous les magasins de matériaux n'ont pas appliqué strictement la même politique. Tout Faire-Maîche fonctionne comme la Serac, et Big Mat (Les Fins) fait de même. Mais Bricomarché est quant à lui fermé, tandis que d'autres magasins de bricolage du Haut-Doubs n'ont pas choisi la même option et continuent à ouvrir leurs portes aux particuliers.
A moins d'une mesure plus stricte de confinement total dans les prochaines semaines, tous les commerces de matériaux ne sont donc pas logés à la même enseigne pour l'instant.