À 43 ans, Camille Pacelli a sorti son premier livre, Vy, Black Out (éditions Vérone). Ce roman de science-fiction entraîne le lecteur dans un monde où l’humanité disparaît, et la nature reprend ses droits. Rythmé et captivant, le récit s’inspire de la vie de l’auteure et de ses convictions.
Les phrases sont courtes, incisives. Percutantes. Tout au long du roman, la mise en page fait écho à celle de poèmes. Comme un clin d’œil aux premiers écrits de l’auteure Camille Pacelli, alors adolescente torturée. “Le capharnaüm de la civilisation a vite été un lointain souvenir, dérangeant le silence. / Seule. / En une seconde, tout s’est arrêté. / Seule.”
Usant à l’envi de métaphores et d’anaphores, Camille Pacelli réussit en moins de 300 pages à emmener le lecteur dans son monde, post-apocalyptique pour l’humanité certes, mais une renaissance pour la nature. Le tout sans dialogue. “C’est le silence qui parle, explique la Meuthiarde. Le silence parce que l’humanité disparaît. Ce n’est pas parce que le monde est silencieux qu’il ne dit pas plein de choses.” Pour autant, le livre ne contient pas de banales et plates descriptions. Bien au contraire, il suit à un rythme presque effréné les aventures en 2180 de Miranda, adolescente et seule survivante d’une bactérie tueuse de l’humanité engendrant un black-out total. La jeune fille aura pour compagnon un chat et un loup. Et la nature.
Si les dialogues sont absents, les pensées et le ressenti des personnages s’expriment clairement. Les émotions, à fleur de mots, imprègnent le récit, contribuant à donner corps aux personnages à qui l’on s’attache. “L’écriture a toujours été pour moi une façon de verbaliser mes ressentis, d’évacuer, d’avancer, de comprendre. C’est ma psychothérapie à moi”, raconte Camille qui a mis beaucoup d’elle-même, de sa vie dans le roman. D’ailleurs, le choix du titre n’a rien d’un hasard. Vy, comme le variant Y qui soigne son personnage, homophone de vie. “Mon inspiration, c’est ma vie, les difficultés auxquelles ma famille et moi, on a dû faire face. À 43 ans, j’ai appris à relativiser certaines choses et à faire passer par l’écrit ce que je veux dire”, poursuit la jeune femme.
Le personnage de Miranda est clairement à l’image de sa fille aînée - ce sont d’ailleurs ses dessins qui illustrent la couverture du livre -, une guerrière qui a dû affronter la maladie. Tout comme Camille, qui a été contrainte de mettre en suspens son roman le temps de se remettre. “Ce livre m’a fait mûrir, je suis allée au bout du processus, j’ai le droit de dire que je ne suis pas d’accord, de m’affirmer. Et si on me dit “j’ai lu ton livre et je vois la vie différemment”, j’aurai atteint mon objectif.”
Camille Pacelli a choisi le genre de la science-fiction pour s’affranchir des règles du réalisme et offrir plus de libertés à son imagination. Pour autant, la réalité du monde d’aujourd’hui et des actions des humains nourrit chaque mot. “Le premier chapitre est très moralisateur sur l’irrespect de la planète et de toute vie. Si on continue comme ça, la course au profit, on va droit dans le mur. L’être humain ne sait pas se contenter de ce qu’il a. Je prends parti contre la surconsommation. On s’est beaucoup perdu en route, et je pense que c’est trop tard. J’ai été bénévole dans des associations animalières, j’ai vu les horreurs faites aux animaux. Aux enfants aussi”, glisse-t-elle sobrement.
Malgré ces sujets lourds, anxiogènes, l’auteure parvient à emmener le lecteur dans un voyage fictionnel bien ficelé, captivant. Et au bout du compte, pas si sombre que cela. Puisque la fin laisse entrer un brin de lumière où l’humanité pure ressurgit. “C’est vraiment une déclaration d’amour à la vie, celle qu’on a oubliée depuis longtemps”, résume Camille. En refermant le livre, le lecteur reste sur sa faim, impatient de découvrir la suite des aventures. Celle qui ne se considère pas encore comme une auteure car elle “n’a écrit qu’un seul livre” déborde pourtant d’idées. Camille s’est déjà attelée à l’écriture de la suite. Car dans ce premier roman se dessine clairement une trame romanesque qui pourrait prendre corps à l’avenir dans une saga. On l’espère en tout cas.