L'hôpital de Novillars a besoin de 3 500 masques par semaine. Il est proche de la rupture. Deux médecins alertent sur le cas des patients soignés à domicile qui ne reçoivent, pour certains, plus de soins.
Jusqu'à présent (30 mars), le Centre hospitalier de Novillars n'a pas enregistré de cas de coronavirus. Seulement des suspicions. Jusqu'à quand ? Comme ailleurs, le matériel de protection fait défaut. "Nos stocks s'épuisent. Nous tiendrons peut-être encore 10 jours..." s'alarme un professionnel.
La direction a suppléé la mission de l'Etat en passant des commandes en matériel. Le président de l'établissement Ludovic Fagaut, conseiller départemental du canton, est allé racler les fonds de tiroir du collège où il est proviseur pour doter l'établissement hospitalier de 50 kits de blouses, 500 charlottes, et quelques masques. "Heureusement qu'il y a un élan de solidarité au sein des équipes !, témoigne Ludovic Fagaut. C'est à l'Etat de prendre ses responsabilités, ce qu'il ne fait pas."
Parent pauvre de la médecine, la psychiatrie alerte par la voix de deux praticiens hospitaliers : les Dr Chabod et Jeannin. Au C.H., les visites des familles sont interdites.
Les patients vivent mal le confinement
"Pour accueillir la souffrance d'une personne, il faut être apaisé pour lui redonner un sentiment de sécurité, expose le Dr Jeannin. Avant, les personnels étaient déjà surmenés. Toutes les équipes mettent beaucoup d'énergie mais nous craignons pour la suite... quand tout retombera !" expose le praticien.
Les deux médecins ont écrit au conseil de surveillance de l'hôpital, une lettre reprise par les syndicats CGT-FO-Sud : "Nous craignons une dissémination rapide de l'épidémie dans notre établissement du fait d'une proximité interindividuelle inhérente à notre activité. Notre discipline, si elle est compromise, expose les services d'urgence déjà surchargés à devoir gérer des patients en souffrance psychique. Le risque de rupture à court terme étant une réalité" dit l'intersyndicale CGT-FO-Sud.
Le président du C.H. et le responsable de la Commission médicale d'établissement (CME) ont alerté l'Agence régionale de santé pour demander en urgence du matériel.
Les professionnels craignent ce qu'ils appellent "la décompensation." Une partie des patients atteints de troubles mentaux sont soignés à domicile et non à l'hôpital. Ce sont dans ce cas, les centres médico-psychologiques ou les centres de guidance (pour les enfants) qui administrent les soins à domicile. Malheureusement, les visites sont annulées, sauf les soins d'urgence. Des patients sont donc sans traitement.
"Les Centres Médico-Psy (C.M.P.) sont réduits à leur minimum. Certains patients n'ont pas reçu leurs traitements. Ils sont en souffrance" dit un professionnel.
D'où la crainte de la fameuse "décompensation". L'hôpital pourrait alors faire face à un afflux de patients atteints de pathologies graves. Pas certain qu'il puisse y faire face.