A Villers-le-Lac, Laurence Rio et Sonia Stalens ont créé “Les Acteurs de l’inclusion”, un centre de formation dédié aux solutions numériques de compensation pour les élèves souffrant de troubles du neuro-développement.
C’est à dire : Concrètement, en quoi consistent Les Acteurs de l’inclusion ?
Laurence Rio et Sonia Stalens : C’est un centre de formation agréé en ligne qui propose des formations sur les solutions numériques de compassion pour l’apprentissage scolaire. Il est dédié à l’inclusion des élèves neuro-atypiques, souffrant des troubles dys- (dyslexie, dysgraphie, dyspraxie…), les T.D.A./H. (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) ou le T.S.A. (trouble du spectre autistique).
Càd : Quelles sont ces solutions numériques de compensation ?
L.R. et S.S. : Dans son bilan médical, le médecin prescrit un matériel pédagogique adapté aux troubles comme un ordinateur ou une tablette. Nous, on intervient après car s’il n’y a pas de formation, l’outil est souvent mal utilisé, voire abandonné. L’objectif est de remplacer les cahiers et les stylos de l’élève par l’outil numérique. À l’issue de la formation, les enfants sont capables d’appréhender les fonctionnalités essentielles de logiciels adaptés pour un usage scolaire qui permettent de compenser et contourner les difficultés scolaires. On forme l’enfant neuro-atypique pour qu’il soit totalement autonome. Son intelligence n’est pas impactée mais il est empêché par ses troubles de réaliser certains gestes notamment dans l’écriture et la lecture. L’ordinateur vient contourner le problème et l’élève est en capacité de restituer son savoir comme les autres, sans besoin d’un intervenant externe.
Càd : Comment se déclinent les formations ?
L.R. et S.S. : La formation se déploie sur 10 heures en six semaines. Nous avons créé un référentiel pédagogique qui part du besoin de l’enfant pour qu’il puisse réaliser toutes les tâches scolaires avec son ordinateur. On part de zéro jusqu’à l’introduction de l’ordinateur à l’école. Les enfants neuro-atypiques n’utilisent pas l’ordinateur comme un adulte le ferait, on se met à la place de l’enfant pour aller au plus simple, avec le moins de clics possibles. Ils ont souvent aussi un gros problème d’organisation donc on leur propose toute une méthodologie d’organisation et de savoir-faire. Ensuite, il peut y avoir des accompagnements individualisés pour venir soutenir l’introduction de l’outil numérique et appuyer les compétences. Et si besoin, il est possible d’organiser des séances sur des thématiques particulières. Il y a un chat ouvert en permanence pour que les élèves puissent échanger entre eux car souvent ils se sentent seuls. On connaît très bien les besoins des enfants avec les solutions numériques. L’ordinateur, ça change leur vie, il y a un avant et un après, l’enfant redevient un élève. Nous dispensons également des formations pour les adultes, les ergothérapeutes, les aidants, les parents, etc.
Càd : Des aides existent-elles pour payer la formation au sein des Acteurs de l’inclusion ?
L.R. et S.S. : Pour l’instant, il n’y a rien, la formation est à la charge des familles. Nous sommes en recherche de partenaires ou fondations pour des aides financières et faire réduire le coût des formations. On a fait les démarches pour être pré-incubées par Deca-B.F.C. pour un accompagnement qui permet de disposer d’un réseau et d’un panel de professionnels pour développer nos compétences.
Càd : Comment en êtes-vous arrivées à créer Les Acteurs de l’inclusion ?
L.R. et S.S. : Nous sommes les deux mamans d’enfants différents, on balaie à nous deux presque tous les troubles du neuro-développement. Quand on a des enfants différents, c’est compliqué d’avoir de la reconnaissance, et même quand le diagnostic tombe, il n’y a pas de solution. En 2019, on rencontre l’association Fuso France (depuis 2014, elle équipe, forme et accompagne des enfants qui se sont vus prescrire l’utilisation d’un ordinateur pour aller à l’école). On a équipé nos enfants de ces premières solutions numériques. Les Acteurs de l’inclusion a ouvert en juillet mais nous œuvrons depuis quatre ans notamment avec l’association Fuso, on a formé plus de 1 000 enfants dans toute la France.
Propos recueillis par L.P.