Lors d’un déménagement, d’une succession, la tentation est grande parfois de se débarrasser de documents iconographiques qui, même s’ils ne sont pas toujours en bon état, contiennent des pépites inédites sur le patrimoine local. Une association locale tire la sonnette d'alarme.

Carton complet de plaques de verre déposé au pied d’une benne de déchetterie, récupéré in extremis par un collectionneur averti qui passait dans le coin. “Cela nous a permis de retrouver des cartes postales inédites sur le Val de Morteau”, explique Christian Guyon, le président des Collectionneurs du Mont d’Or. Des exemples de ce type, il pourrait en citer des dizaines. Sans compter tous les autres cartons détruits à tout jamais. Ce qui a le don de l’irriter au plus haut point. “Les gens agissent souvent par précipitation. Ils n’ont pas souvent conscience des trésors qui peuvent ainsi disparaître à tout jamais de la mémoire collective locale.”

En récupérant des anciennes plaques de verres, Christian Guyon est tombé sur des pépites.

Ces pertes concernent notamment les plaques de verre, ancêtres des négatifs, utilisées à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Cette croisade patrimoniale remonte à quelques années, quand les héritiers d’Émile Parreaux, châtelain-photographe de Rochejean, ont légué près de 2 000 plaques de verre à l’association. “Émile Parreaux exerçait au début du XXe siècle. Il a fait beaucoup de portraits, d’images de villages du Haut-Doubs, de fermes d’alpage. C’était aussi le photographe officiel du chantier de la ligne Frasne-Vallorbe.”

Par le plus grand des hasards, le club des Collectionneurs du Mont d’Or a pu récupérer des vues inédites du centre de Morteau.

Pour exploiter au mieux ces plaques de verre, le club des Collectionneurs du Mont d’Or a investi dans un scanner spécifique. Les bénévoles ont alors entrepris ce fastidieux exercice de numérisation. De bouche-à-oreille, d’autres détenteurs de fonds photographiques ont ressorti ces témoins du passé. “Ce scanner permet de révéler en positif les plaques de verre. Elles ne sont pas toujours en bon état, mais on retrouve parfois des pépites.” Fonds Monnot autour du lac Saint-Point, fonds Martin consacré aux familles de cheminots entre Frasne et Pontarlier ont ainsi été en partie sauvés.

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Les collectionneurs dénichent aussi des trésors iconographiques sur les brocantes. Ils sont parfois informés trop tardivement. “On a appris de source sûre qu’une commune du Haut-Doubs avait ainsi jeté une palette complète de plaques de verre. C’est rageant.” Christian Guyon ne prêche pas forcément pour sa paroisse. Ce qui l’importe en premier lieu, c’est de sauver ces témoins du passé. “Les gens s’en débarrassent souvent par commodité alors qu’il y a toujours moyen de valoriser ces collections. On peut par exemple les déposer dans un service d’archives, les prêter à un club comme le nôtre. Quand on reçoit ce type de documents, on procède en trois phases : tri, numérisation, classement. Ce que l’on fait actuellement avec le fonds de photographe pontissalien Stainacre. Les documents peuvent ensuite être remis aux héritiers.”