Le conseiller départemental du canton de Morteau a claqué la porte des Républicains au lendemain des législatives. Il explique son choix et trace quelques pistes pour l’avenir.
C’est-à-dire : Qu’est-ce qui a déclenché votre décision de quitter votre famille politique ?
Denis Leroux : C’est à l’annonce de la décision d’Éric Ciotti de se rallier au Rassemblement national, et à celle localement de Matthieu Bloch (N.D.L.R. secrétaire départemental des L.R. jusqu’alors) de se rallier également à la ligne Ciotti, que j’ai décidé immédiatement de quitter les L.R. Je me suis dit que je n’avais plus rien à faire dans ce parti. Je ne mange pas de ce pain-là.
Càd : C’est une décision un peu solitaire et en opposition avec celle d’Annie Genevard, la présidente départementale du mouvement, qui, elle, a décidé de rester fidèle aux L.R. ?
D.L. : Je salue Annie Genevard pour l’attitude qu’elle a eue à Paris au moment de l’épisode Ciotti, et je n’ai aucun souci avec sa position. Je pense qu’on peut la remercier d’avoir agi ainsi. Mais personnellement, je ne me retrouvais plus dans cette famille politique qui, selon moi, n’a pas proposé grand-chose depuis 2012. Depuis cette date, j’attendais une refondation du parti qui n’est jamais venue. L’épisode Ciotti a en tout cas eu le mérite de clarifier certaines choses aux L.R. entre ceux qui ont franchi le Rubicon et ceux qui sont fidèles aux valeurs républicaines de ce parti. Personnellement, je ne me sens plus du tout à l’aise dans ce parti qui, je le rappelle, jusqu’à preuve du contraire et un jugement sur le fond prévu en octobre, est toujours présidé par Éric Ciotti ! Ce dernier a encore les clés, les fichiers des adhérents, les finances du parti… Hélas, la marque L.R. a été très altérée.
Càd : Vous quittez les L.R. pour rejoindre un autre parti ?
D.L. : Pas du tout. J’attends aujourd’hui qu’on recompose une vraie offre politique, en partant de la base, c’est-à-dire des militants. J’ai vu Laurent Wauquiez revenir et reprendre en main les orientations du parti. Pourquoi pas ? Mais ce serait bien avant toute chose qu’on réinterroge notre base. Pour reconstruire un parti solide avec une offre crédible, il faut impérativement qu’on fasse confiance aux territoires dans lesquels la droite a encore beaucoup d’élus et de sympathisants. Et pour l’instant, je peux très bien vivre sans parti, cela ne m’empêche pas de faire mon travail d’élu, de maire et de conseiller départemental.
Càd : Que proposez-vous aujourd’hui ?
D.L. : J’ai proposé à notre présidente de Département, Christine Bouquin, un grand séminaire de réflexion après la rentrée sur nos orientations politiques. Elle en a accepté le principe. L’idée est de réfléchir tous ensemble à ce qu’on n’a pas suffisamment fait pour endiguer la colère des citoyens qui ont massivement voté pour les extrêmes. Nous devons sans doute aussi nous remettre en question nous-mêmes et redéfinir nos actions de manière encore plus efficace.
Càd : Vous parlez de faire confiance aux territoires. Qu’est-ce que ça signifie concrètement ?
D.L. : Les maires, notamment en milieu rural, ont sans doute beaucoup de choses à dire sur les politiques menées sur les territoires, tout comme les élus des communautés de communes. Il faut s’appuyer sur ces élus de terrain pour reprendre à la base les actions à mener. Il s’agit de reconstruire nos politiques à partir des fondamentaux du terrain.
Càd : Personnellement, vous avez toujours d’autres ambitions politiques, vous qui aviez été candidat aux sénatoriales en 2020 ?
D.L. : Nous avons déjà tellement de travail à faire pendant ce mandat départemental jusqu’en 2028. Oui, il y a les sénatoriales en 2026, mais tout dépendra du contexte. Aujourd’hui, la priorité est bien de travailler en équipe pour reconstruire une belle droite modérée, sociale, une droite des territoires avec laquelle je suis totalement en phase. On a sans doute de belles perspectives devant nous, il faut savoir mieux impliquer la population dans le choix de nos politiques à mener.