Qui a raison ?
À l'origine de cette polémique, l'inauguration de la fresque de la Rhodiacéta sur laquelle figurent les mots "À bientôt j’espère" en référence au film de Chris Marker. L'adjointe à la culture de Besançon Aline Chassagne reçoit le soutien de ses camarades.
C'était le vendredi 9 octobre, date choisie pour une inauguration totalement banale. Le décor : trois élus bisontins, une banderole posée sur le toit de la Rhodiacéta avec le message « À bientôt, j’espère », et basta. Le message fait référence au titre du film de Chris Marker, réalisé durant la grève de mars 1967 aux établissements Rhodiacéta. Cette phrase avait été prononcée à la fin du film par Georges Maurivard, animateur de la grande grève de la Rhodia qui préfigura le mouvement de mai 68. Une phrase répétée à deux reprises par Aline Chassagne, une fois devant la presse écrite (où La Presse Bisontine était présente) et devant une caméra. Devant la presse écrite, un journaliste d'Hebdo 25 demande pourquoi les luttes sociales sont si souvent mises en avant à Besançon et pourquoi il n'y a pas un mot sur ces entrepreneurs qui ont créé de l'emploi à Besançon. L'adjointe hoche de la tête sans admettre qu'il faudrait aussi une banderole pour les entrepreneurs et rappelle qu'il s'agit de faire référence au film, d'évoquer la lutte du monde ouvrier contre le patronat. Aline Chassagne remet tout cela dans le contexte de 1967. Pour nous journalistes, c'est ambigu. La suite est dans le papier d'Hebdo 25 (https://hebdo25.net/a-bientot-jespere-la-memoire-selective/).
Pourquoi ce timing pour poser une telle fresque ? On l'ignore, la seule réponse étant que cette fameuse banderole à l'origine de la polémique devait être installée en mars. Vendredi soir lors du conseil municipal, Ludovic Fagaut (Les Républicains) est sorti de sa réserve et a dénoncé l'opposition entre patronat et salariat. Le régionaliste Jean-Philippe Allenbach en a fait de même dans un communiqué.
Aline Chassagne veut-elle abattre le capitalisme, couper la tête aux patrons ?
Le Parti communiste français (PCF) répond dans ce communiqué intitulé "Mauvais perdant" que nous publions dans son intégralité. Il écorne Ludovic Fagaut.
La critique est essentielle en démocratie, mais, à Besançon, la critique est en passe de devenir une farce.
Monsieur Fagaut et ses amis sont en émoi à cause d’une phrase de Madame Aline Chassagne. De quoi s'agit-il ? A l'origine de cette «polémique», il s’agissait de l'inauguration de la fresque de la Rodhiaceta, fresque sur laquelle figuraient les mots « A bientôt j’espère » en référence au film de Chris Marker. Un journaliste présent a demandé la citation complète à Mme Chassagne. Celle-ci l’a donnée. « Ben je veux dire aussi aux patrons que... on les aura, c’est sûr, parce que, y a cette solidarité et qu’eux ne savent pas ce que c’est. On vous aura. On vous en veut pas encore terriblement pour ceux qui se prennent pour des patrons et qui ne le sont pas, mais ceux qui détiennent les capitaux, le capital, on vous aura. C’est la force des choses. C’est la nature. À bientôt j’espère.».
Il s’agit d’une citation de Georges Maurivard tirée d’un film et non des propos de Madame Chassagne. Monsieur Fagaut le sait très bien, mais l’a-t-il dit à ses amis ?
Le film «A bientôt j'espère» fait partie du patrimoine culturel exceptionnel de la ville. Il relate cette grande grève de 1967, par laquelle les ouvriers se battaient pour l'avenir de leur entreprise, que menaçaient les décisions du patronat de réduire d'activité et licencier. La grève fut suivie d'un mouvement exceptionnel de culture populaire à Besançon, guidé par une aspiration de cette classe ouvrière combattive à sortir de sa condition. Ce mouvement d'émancipation vers la création artistique, en poésie, théâtre, et cinéma, a attiré à Besançon des artistes de France et du monde entier. Parmi les figures emblématiques de ce moment historique exceptionnel, celui là même qui prononce la fameuse phrase du film, Georges Maurivard, militant ouvrier, leader du mouvement de grève, ardent promoteur de la culture populaire, et ...futur adjoint de Robert Schwint!.
Une telle manipulation des propos de Madame Chassagne, à des fins politiciennes minables, témoigne en outre d'un manque de respect – ou d'une ignorance?- pour l'histoire ouvrière de notre ville, choquant de la part de qui voulait en devenir le maire.
Mais allons au fond du sujet: la question des entreprises. Monsieur Fagaut estime « qu'en 2020 ce sont les chefs d'entreprises, les artisans, les commerçants qui sont les acteurs majeurs de la vie économique de notre territoire". Les salariés, «héros du quotidien» pendant le confinement, apprécieront leur disparition de la catégorie «acteurs majeurs de la vie économique».
Puisqu’on parle du confinement, rappelons qu'il y a quelques mois, Aline Chassagne se portait volontaire pour assurer les soins en unité COVID à Jean-Minjoz. Que faisiez-vous pendant ce temps Monsieur Fagaut ? Que faisiez-vous, vous qui avez soutenu la fermeture de lits d’hôpitaux actées sous Sarkozy et programmées par François Fillon, dont vous êtes un soutien ?
Des cris d'orfraie se font entendre sur une prétendue attitude «anti-entreprise» suspectée par principe chez les élus communistes et apparentés. S’agit-il vraiment d’être pour ou contre les entreprises ? Ce débat est stérile. Nous demandons à Monsieur Fagaut qu’il nous dise quelles entreprises il défend ?
Défend-il les entreprises qui planquent leur impôt à l’étranger ? On sait combien son mentor, Sarkozy, fut laxiste avec ces patrons voyous qui privent la communauté de ses revenus.
Défend-il les grandes entreprises, qui après avoir touché le CICE, le CIR, obtenu des exonérations fiscales et sociales, reçoivent aujourd'hui des aides publiques massives, et licencient pour garantir les dividendes des actionnaires?
Monsieur Fagaut défend-il les PME et les artisans ? Mais alors pourquoi a-t-il soutenu des gouvernements qui tolèrent que le taux d’imposition des petites boîtes soit de 30 % tandis que celui des géants du CAC 40 n’est que de 8 %?
S’il défend les commerçants et artisans, pourquoi Monsieur Fagaut a-t-il soutenu des gouvernements qui tolèrent que les grandes banques étranglent la production depuis 2008 en n’accordant pas de prêt aux petites entreprises ?
La droite n’a de leçon d’économie à donner à personne, pas plus que son allié le Medef, totalement inféodé au grand capital financier. Aujourd'hui, ce sont bien les salariés, que le parti communiste soutient totalement, qui, chez General Electric, Bridgestone, Nokia et ailleurs, défendent les entreprises contre les actionnaires avides de rentabilité qui les détruisent.
La Fédération du Doubs du Parti Communiste Français
La suite, on l'attend...