Il est un occupant indésirable dans les foyers. Le radon, gaz naturel radioactif, présent dans le département, pollue l’air intérieur et enclenche des effets néfastes sur la santé. La communauté de communes des Portes du Haut- Doubs lance une campagne de mesures.
C’est un gaz inodore, incolore, et encore trop méconnu. Pourtant, ses effets sur la santé sur le long terme sont catastrophiques. Le radon est la seconde cause de mortalité par cancer du poumon après le tabac.
“Avec plus de 80 % de notre temps passé chaque jour dans des espaces clos, nous nous exposons à une multitude de polluants susceptibles d’impacter notre santé. Parmi ces polluants figure le radon, gaz d’origine naturelle, inodore et incolore, surtout connu pour ses propriétés radioactives”, alerte ainsi l’association A.T.M.O., à l’occasion de la journée européenne du radon.
Qu’est-ce que le radon ? “Il s’agit d’un gaz radioactif naturel issu de la désintégration de l’uranium, explique Hélène Tissot, chargée de mission air intérieur chez A.T.M.O. Le gaz ne vit que trois jours à l’air extérieur, donc il est vite éventé. Alors que dans l’air intérieur, comme la source est toujours présente, il s’accumule.”
Et il est présent dans le Doubs. Sur la carte établie par l’I.R.S.N. et l’A.S.M., par rapport au potentiel de risque, le département abrite des communes en catégorie 1 essentiellement, et quelques-unes en catégorie 2. La carte qui se base sur des relevés du sol (et non les sous-sols) connaît néanmoins des limites. “Comme nous sommes sur un sol karstique, le radon est présent en dessous des failles là où il peut trouver des sols granitiques pour se développer. Et les failles favorisent la remontée du radon”, observe Hélène Tissot. On peut aussi observer sur la bande frontalière côté suisse, une présence beaucoup plus importante de radon, la Suisse réalisant beaucoup plus de mesures que la France.
Pour lutter contre ce gaz, comme tous les autres polluants de l’air intérieur, il faut aérer le logement quotidiennement. “Si la source est peu importante, cela peut suffire, reprend Hélène Tissot. Mais bien souvent, il faut un système de ventilation permanente pour assainir l’air au quotidien.” Enfin, si là encore ce n’est pas suffisant, il faut travailler l’étanchéité du bâtiment par le sol.
Concernant le radon, le bât blesse à plusieurs endroits. Premièrement, très peu voire aucune aide financière n’existe en cas de travaux d’isolation ou d’installation d’une ventilation. Enfin, si la réglementation oblige à la surveillance du radon dans les établissements recevant du public, il n’en est rien pour les particuliers. Lors de l’achat d’une maison ou d’un terrain, des informations sur le risque radon dans la commune sont délivrées. Mais pour l’heure, aucun diagnostic, à l’image du plomb ou de l’amiante, n’est imposé.
Chacun peut décider de mesurer la présence du gaz chez lui, à ses frais. À l’aide d’un boîtier, les mesures sont prises pendant deux mois puis analysées. Le seuil réglementaire est fixé à 300 Bq/m3 quand l’O.M.S. donne le seuil de 100 Bq/m3. Néanmoins, chaque année, l’Agence régionale de santé lance des campagnes de mesure dans les collectivités et fournit les dosimètres. La communauté de communes des Portes du Haut-Doubs lance à partir de novembre et jusqu’en février une campagne de mesure du radon, les habitants peuvent commander un kit via la Com’Com.
Reste qu’une réflexion est lancée au sein d’un réseau régional autour de la qualité de l’air intérieur. “Comment aider l’habitant au-delà de la sensibilisation et des mesures ? Quelles portes de sortie ? Les habitants ne savent même pas à qui s’adresser”, précise Anne-Marie Bailly, chargée de mission sur la coordination du réseau. Une plateforme ressource Batisph’air est disponible pour tous (particuliers, professionnels, collectivités) ainsi que le site d’Atmo pour s’informer et entamer des démarches si nécessaires.