Après plusieurs années en phase expérimentale, cette association adopte un fonctionnement plus offensif en se donnant les moyens de pérenniser son modèle économique et social.
Comme tout dispositif innovant, la Marmite solidaire a essuyé les plâtres de l’expérimentation. Cette association a pour ambition de valoriser des invendus alimentaires en confectionnant des repas distribués aux personnes dans le besoin. Un beau challenge salué par tout le monde qui a pu voir le jour grâce à la M.F.R. de Pontarlier qui a mis ses cuisines à disposition de la Marmite solidaire. “Cela nous a permis de tester, caler, vérifier notre organisation avant d’envisager d’aller plus loin. On n’était pas prêt à fonctionner en autonomie avec un local et du matériel”, rappelle Laure-Anne Bernard-Brulls, la présidente de l’association.
Au fil du temps, le dispositif s’est structuré, ce qui a permis d’envisager un déménagement dans des locaux plus adaptés sur le site du Panier de Jeanne aux Grands Planchants. Une suite logique pour la présidente bien consciente que l’option M.F.R. ne pouvait être que transitoire. “La proximité du Panier de Jeanne est intéressante. Cela nous permet aussi de rester à Pontarlier. On a investi dans une vraie cuisine et l’activité a repris au début septembre.” L’association a procédé à deux recrutements : Ophélie Rochat au poste de responsable de l’association, et Alix qui vient prêter main-forte à Véronique embauchée depuis une année en cuisine. “Ophélie est chargée de construire le modèle économique, de développer la commercialisation et de gérer les échanges avec les partenaires privés et publics.”
Hall de réception, légumerie, chambre froide, local de stockage, cuisine professionnelle, la Marmite solidaire n’a plus rien à envier aux autres. “On travaille du lundi au vendredi”, explique Alix. Une quarantaine de bénévoles se relaient pour assister les deux cuisinières. “Je viens un après-midi par semaine. En arrivant en retraite, j’avais envie de faire quelque chose d’utile pour la société et l’idée de valoriser des invendus alimentaires me plaît”, témoigne Jeanne.
La filière d’approvisionnement en denrée alimentaire n’a pas changé avec des dons de particuliers, des arrivages ponctuels de maraîchers locaux en situation de surproduction et l’essentiel de cette chaîne logistique provient de La Banque Alimentaire. “On reçoit principalement des fruits et des légumes qu’on transforme en soupes, compotes.” Tout est conditionné en bocaux pour être récupéré par la Croix Rouge et le P’tit Panier qui les distribuent aux bénéficiaires de l’aide alimentaire.
En montant en puissance, l’association relève aussi un défi budgétaire. Elle reçoit des financements publics de différents acteurs : A.D.E.M.E., D.R.A.F., Région Bourgogne-Franche-Comté, Préval, C.C.A.S., Département. “On va continuer à développer des actions pour générer de l’autofinancement. On propose un service traiteur avec de la sensibilisation à la réduction du gaspillage alimentaire. On commercialise une partie de nos bocaux au Panier de Jeanne et dans deux commerces : Vrac et Vert Clair. On organise aussi des animations culinaires avec des recettes anti-gaspi”, énumère Ophélie Rochat.
Les projets ne s’arrêtent pas là. La Marmite solidaire envisage de faire un jardin de plantes aromatiques et de fleurs comestibles en partenariat avec l’association Ô Doux G.E.M. (voir ci-dessous) qui apporte un espace de partage et d’échanges aux traumatisés crâniens et cérébro-lésés. La Marmite solidaire accueille aussi des personnes éloignées de l’emploi qui viennent donner un coup de main aux cuisinières et aux bénévoles. L’occasion de remettre un pied dans le milieu professionnel, de retrouver des repères et une vie sociale.