Fruit de l’action conjointe des forces alliées de la 3ème Division d’infanterie Algérienne et des F.F.I., la libération de Pontarlier procède d’une habile manoeuvre d’encerclement qui vient à bout des dernières poches de résistance allemandes dans la matinée du 5 septembre 1944. Récit d’une journée effectué à partir des notes de l’historien pontissalien Daniel Lonchampt.

L’épisode pontissalien s’inscrit dans un vaste mouvement engagé à partir du 15 août 1944 quand les troupes américaines et l’armée B du général De Lattre de Tassigny débarquent en Provence. Entrée la première à Toulon, la 3ème D.I.A. a pour mission de traverser au plus vite les Alpes et le Jura pour couper la retraite des régiments allemands bousculés par le 6ème Corps d’Armée américain qui remonte par la vallée du Rhône.

À l’arrivée de l’occupant, les ponts de Pontarlier comme celui de l’hôpital ont sauté.

L’objectif des libérateurs est de parvenir à la Trouée de Belfort où Hitler a donné l’ordre à ses hommes de se replier. Après avoir libéré Chambéry et Oyonnax, la 3ème D.I.A. arrive à Saint-Claude le 3 septembre puis se divise en deux groupements, l’un partant sur Morez-Champagnole, l’autre sur Mouthe et Pontarlier.

Quelques jours avant la Libération, la capitale du Haut-Doubs baigne dans une atmosphère particulière. Toutes les communications sont coupées, la population vit dans la crainte des exactions des “Vlassov”, ces soldats cosaques à la solde des Allemands qui composent l’essentiel des troupes d’occupation, soit environ 1 500 hommes, concentrées alors sur Pontarlier et Mouthe.

L’arrivée des blindés Grande rue suscite beaucoup d’engouement.

Le 27 août, justement, un bataillon d’Ukrainiens composé de 450 hommes retourne sa veste et rejoint les troupes alliées à Valdahon. Du côté de la Résistance, on compte environ 200 F.F.I. sous les ordres du colonel Lagarde, secondé par le Pontissalien Jules Pagnier alias le capitaine Marion. Depuis le 18 août, ces maquisards sont divisés en différentes sections basées autour de Pontarlier : ferme de Cessay à Frasne, Mignovillard, La Rivière, les Granges Tavernier…

Le 30 août, les F.F.I. interceptent à la Vrine un véhicule allemand avec de précieux renseignements sur le positionnement des soldats allemands sur la montagne jurassienne. Dans le Haut-Doubs, les combats débutent le 4 septembre à Mouthe, qui sera libéré en fin de journée par les soldats du 3ème Régiment de Tirailleurs Algériens aux ordres du Colonel de Linarès. Cap sur Pontarlier. Le régiment arrive à Oye-et-Pallet où le lieutenant-colonel Coutard installe son P.C. Les F.F.I. l’informent que l’occupant a concentré une partie de ses forces à l’entrée de la Cluse en négligeant de protéger le secteur ouest de Pontarlier vers la gare.

À Pontarlier comme ailleurs, la population célébra avec ferveur la Libération

À partir de ces informations, le colonel de Linarès élabore son plan d’attaque basé sur un mouvement d’encerclement engagé avec le soutien des F.F.I. Il reçoit dans la journée le renfort des troupes arrivant de Champagnole qui participeront à l’opération en coupant les axes de communication en direction de Besançon.

“Ce fut naturellement, le solide accrocheur Franzini, l’homme planeur des hautes altitudes, qui se chargea d’aller hisser la girouette au sommet de la porte Saint-Pierre.”

La manœuvre d’encerclement se met en place dans la nuit du 4 septembre. La 7ème compagnie occupe les villages au nord de la ville. La 2ème compagnie s’installe à Doubs où le commandant Valentin installe son P.C. Dans la nuit, une autre compagnie est transportée sur le Larmont au niveau de l’Arcan alors qu’une partie du groupement Goutard part en direction de Malpas pour rejoindre Les Granges-Narboz où se trouvent notamment quatre chars destroyers.

L’assaut débute à 7 heures. Un double mouvement de troupes venues de la Chapelle et de la rue des Granges se déploie pour investir la gare. Les soldats du 3ème R.T.A., aidés par les résistants, poursuivent le combat en direction du centre-ville faisant tomber une à une les poches de résistance allemandes. Du côté de Doubs, la compagnie du commandant Valentin attaque par l’est, investissant la rue de Morteau, le pont des Chèvres et les casernes Marguet. À 9 heures, le centre-ville est libéré. À 9 h 30, le colonel de Linarès installe son P.C. à la sous-préfecture.

Les combats se poursuivent au Larmont où les F.F.I. et la 10ème compagnie menacent d’être débordés, mais les Allemands subissent de lourdes pertes. Pontarlier est totalement libéré à 13 heures. Acclamé par la foule pontissalienne, le 3ème R.T.A. poursuit sa marche victorieuse en direction de Morteau, Maîche, avant d’être contraint de s’arrêter vers Pont-de-Roide, stoppé par une grave crise logistique.

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