Cet enfant du Haut-Doubs vient d’ouvrir la distillerie Montrieux dans la rue éponyme où il fabrique pour l’instant quatre variétés d’absinthe associant chacune de la finesse et du caractère, marque de fabrique du nouveau distillateur pontissalien.
Installé à l’angle de la rue des Remparts et de la rue Montrieux dans un local qui a longtemps été occupé par une boulangerie, Marc Bourgeois, 33 ans, n’a pas ménagé ses efforts pour transformer les lieux en distillerie. “Je me suis toujours intéressé à l’absinthe sans jamais penser en vivre un jour et quand j’ai visité cet endroit, je me suis tout de suite projeté dans l’idée d’en faire une distillerie.” Un gros chantier en perspective dans un bâtiment ancien avec un sous-sol à disposition qui lui ouvre des perspectives de développement intéressantes. L’occasion aussi de donner une certaine cohérence dans un parcours professionnel qui n’avait jusqu’à présent aucun lien avec l’absinthe.

Bac scientifique en poche, Marc Bourgeois a préféré s’engager tout de suite dans la vie active en travaillant notamment dans le bâtiment sans savoir que cela lui serait bien utile pour effectuer plus tard les travaux nécessaires pour aménager sa propre distillerie. “On a tout fait par nous-mêmes, j’ai mobilisé la famille, des amis bricoleurs.” Le résultat est plutôt séduisant associant dans la même pièce l’espace d’accueil et l’atelier de distillation avec ses alambics en cuivre du plus bel effet. “On a installé un dispositif de ventilation qui permet d’évacuer la vapeur d’eau issue de la distillation en récupérant la chaleur pour chauffer le sous-sol. En été, on fonctionnera à l’inverse. C’est le principe du puits canadien.”
Après quelques années dans le bâtiment, Marc Bourgeois a, comme beaucoup de jeunes locaux, travaillé en Suisse. “J’ai exercé pendant 10 ans dans l’industrie médicale en commençant comme technicien pour finir chef de projet.” Là aussi, l’expérience acquise lui a grandement servi pour mener à bien son propre projet. Et l’absinthe dans tout ça ? Il a d’abord cultivé auprès de son père cuisinier le goût des bonnes choses, du bien manger et du bien boire. “Il m’a initié à la découverte des vins. Plus tard, j’ai pris des cours d’œnologie et cela m’a été fort utile quand j’ai commencé à mettre au point mes recettes d’absinthe.” Il ne manquait plus que le goût de la distillation au puzzle. Pas de souci, c’est venu au contact de ses grands-pères, l’un était bouilleur de cru et l’autre grand ami de la famille Guy. Ajouter à cela un très fort attachement à Pontarlier, au Haut-Doubs, à son histoire, ses traditions, ses paysages. “Ouvrir une distillerie dans la ville qui fut en son temps la capitale mondiale de l’absinthe n’est pas anodin. Pour moi, c’est chouette de pouvoir perpétuer cette tradition en donnant un nouvel essor à ce produit noble et sulfureux qu’est l’absinthe.”

Si les premiers distillateurs étaient plus axés sur une absinthe bon marché produite en grande quantité, la dernière génération de distillateurs du Haut-Doubs cherche plutôt à proposer un spiritueux de luxe. Autres temps, autres mœurs. Par respect avec la distillerie Bourgeois à Arçon, le nouveau distillateur pontissalien a donné le nom d’une rue à sa distillerie. Assez fair-play et le meilleur moyen d’éviter toute confusion et tension dans une famille de distillateurs qui s’entend plutôt bien. Marc Bourgeois apprécie le faire soi-même. “Au départ, j’ai élaboré 14 recettes d’absinthe pour n’en conserver, pour l’instant, que quatre avec trois blanches à 55° et une verte à 68°.” Orgueil, jalousie, gourmandise, luxure, chacune porte le nom d’un péché capital. “Celle baptisée orgueil se veut très douce. Personne ne croyait qu’elle aurait un avenir. Et par orgueil, j’ai quand même décidé d’aller au bout. Aujourd’hui, c’est peut-être celle qui est la plus appréciée. La recette de la jalousie associe l’absinthe à la menthe poivrée, ce qui rend presque la première plante jalouse de la puissance organoleptique de la seconde”, sourit Marc Bourgeois qui compte bien compléter la série des 7 péchés capitaux. Une production de base agrémentée d’éditions limitées avec des cuvées dédiées à des événements ou à des restaurants ou établissements similaires. “J’étofferai aussi mon offre avec du gin fait maison.”
Dans la mesure du possible, il utilise de l’absinthe et des plantes locales cultivées à La Planée chez Menthe et Mélisse. “Sinon, je m’approvisionne chez un grossiste en plantes bio. On envisage de cultiver de l’absinthe sur deux parcelles à Pontarlier.” Les absinthes de la distillerie Montrieux sont disponibles sur place. On en trouve aussi chez des cavistes. Marc Bourgeois organise des soirées dégustation privées mets-absinthes ainsi que des visites de la distillerie.
Distillerie Montrieux
26, rue Montrieux à Pontarlier
Tél. : 06 80 84 46 46
contact@distillerie-montrieux.com