Le 25 juin, Fabrice Guy sera donc un des porteurs de la flamme olympique pour le Département du Doubs. Il a reçu La Presse Pontissalienne pour évoquer ses souvenirs “dorés” avec les Jeux. Interview.
La Presse Pontissalienne : Quel sentiment éprouvez-vous à l’idée d’être relais de la flamme olympique pour le Département du Doubs en juin prochain ?
Fabrice Guy : Je suis très heureux. Le fait de la porter à Chaux-Neuve, dans le pays de mes ancêtres, c’est un beau clin d’œil de l’Histoire. Au niveau émotionnel, le moment sera fort car mon père est décédé en août 2023 et il aurait été fier de me voir porter la flamme. Et puis porter la flamme en France, quel grand moment ! Je l’avais déjà portée à Turin mais je suis très fier de la porter dans le Doubs.
L.P.P. : Cela va raviver des souvenirs, à commencer par votre titre de champion olympique décroché à Albertville en 1992 : quels souvenirs en gardez-vous 32 ans après ?
F.G. : Un tel moment, on ne l’oublie pas ! Mais avoir cette médaille d’or, quelle fierté. D’autant plus avec la deuxième place de Sylvain Guillaume. Je me suis rendu la victoire facile car j’avais très bien sauté. Et en fond, j’ai rattrapé mes deux concurrents dès le premier tour. J’ai fait un premier tour rapide et lors du dernier tour j’avais 56 secondes d’avance sur Sylvain. J’ai pu apprécier…
L.P.P. : Et vos premiers Jeux à Calgary en 1988, quels souvenirs en gardez-vous ?
F.G. : J’ai adoré Calgary. C’est à cette occasion que je me suis ouvert aux Jeux olympiques. Ce fut un très bon apprentissage. Et puis en tant que jeune skieur nordique, rencontrer tous les autres athlètes fut un moment extraordinaire. On se préparait déjà pour Albertville !
L.P.P. : Pour revenir à votre prochain rôle de porteur de la flamme, il s’inscrit dans une tradition familiale puisque votre père l’a fait à l’occasion des J.O. de 1968 à Grenoble et votre grand-père a été starter…
F.G. : Mon père a été relayeur de la flamme en 1967 à Chaux-Neuve, devant la maison familiale. Mon papa Alain ne s’est jamais trop étendu sur son palmarès sportif mais le fait d’avoir porté la flamme à Chaux-Neuve l’avait beaucoup ému. Quant à mon grand-père André, il était starter à Saint-Nizier-du-Moucherotte vers Grenoble. Il faisait partie du Comité régional du Massif jurassien et donnait le signal de départ aux sauteurs. Il ne faut pas oublier que mon grand-père fut de ceux qui ont fait construire le tremplin de saut à ski de Chaux-Neuve en 1989, il a poussé pour que la commune, la communauté de communes et la Région le fassent. On était quitte d’aller sauter à Autrans ou à Chamonix. Dans la famille Guy, l’équipe de France, cela représente quelque chose : mon père a été en équipe de France de fond et son frère Roland en équipe de France de saut spécial. Moi, j’ai mélangé les deux avec le combiné. On a ça dans les gènes !
L.P.P. : Vous avez porté la flamme en 2006 à Turin et avez été porte-drapeau de la délégation française en 1992 à Albertville : deux moments différents mais immenses émotionnellement ?
F.G. : Pour Turin en 2006, j’avais été sollicité en tant qu’ancien champion olympique. À cette occasion, j’avais porté la flamme à Chambéry. Quant à mon rôle de porte-drapeau en 1992… Là, tu te rends compte que tu ouvres la marche devant les sportifs français… En France ! Cela a énormément compté. C’était la preuve que notre discipline du ski nordique était respectée. Et puis comme cette année-là j’ai gagné… En 1992, j’étais sûr mentalement et physiquement. Il y avait beaucoup d’émotion car tout le monde attendait l’arrivée de l’équipe de France dans le stade. Je me souviens de Michel Platini qui allume la flamme, de la présence du président Mitterrand. Un grand moment.
L.P.P. : Un mot sur votre rôle d’ambassadeur pour l’association “Objectif Podium”…
F.G. : Cette association Objectif Podium, qui est aujourd’hui composée d’une dizaine de personnes, je l’ai créée avec Yves Blondeau en 2006 quand Vincent Defrasne et Florence Baverel ont gagné aux Jeux Olympiques. Pour aider au développement du ski nordique. Nous aidons différents sports en Franche-Comté, on aide les sportifs à trouver du travail, des stages, de l’argent. Cette association me permet de rester au contact du monde sportif et surtout de transmettre.
L.P.P. : Les Jeux, vous les avez aussi connus derrière l’écran en tant que commentateur, encore d’autres moments de bonheur ?
F.G. : Oui, au final, pour moi les Jeux, c’est 4 en tant que sportif, 2 en tant que préparateur et 3 en tant que commentateur pour France Télévisions, pour le saut, le combiné et le fond. J’ai commenté les trois derniers : Pékin, Pyeongchang et Sotchi, j’ai adoré !