L'activité "marchandises commerciales" en nette baisse
Comme en 2015 lors du plan Vigipirate, les deux services interviennent ensemble aux mêmes lieux pour assurer le contrôle des véhicules et des marchandises qui passent la frontière.
La fermeture des frontières liée à la crise sanitaire engendre des redéploiements d'effectif dans les services et administrations chargés d'assurer les contrôles douaniers. Pour la PAF (Police aux frontières), c'est un retour aux sources. "On est revenu aux missions primaires, celle de faire respecter les accords de circulation des véhicules", explique le commandant Jean-Michel Comte, directeur de la Police aux Frontières de Bourgogne-Franche-Comté. Une situation pas forcément attendue mais pas inconnue non plus car les agents de la PAF avaient déjà été amenés à se repositionner sur les postes-frontières en 2015 dans le cadre du plan Vigipirate.
La lutte contre l'immigration clandestine est provisoirement suspendue, facilitée aussi par l'arrêt des circulations ferroviaires entre les pays. "On ne lutte plus sur l'intérieur des terres. C'est une autre façon de voir les choses. Cela n'a plus rien à voir avec ce que l'on faisait il y a un mois et demi. Et quand les choses évolueront, on s'adaptera."
Ce renfort est plutôt bien apprécié par l'administration des douanes qui doit veiller à se protéger pour être en capacité d'assurer la continuité du service pour ne pas bloquer les flux d'approvisionnement. "On fonctionne en complémentarité en se répartissant les missions selon les postes. La douane assure par exemple pleinement sa fonction de garde-frontière au Col France (Villers-le-Lac) alors qu'à la Ferrière (Jougne) elle se concentre davantage sur le contrôle des marchandises", indique Marin de Loze de Plaisance, chef de la division Franche-Comté Frontière. Ce service basé à Pontarlier intervient de Delle aux Rousses.
Depuis l'instauration du confinement et les restrictions de circulation imposées aux particuliers, l'activité se réduit essentiellement au contrôle des marchandises commerciales. "Comme ils reflètent le niveau d'activité économique, les flux s'étaient réduits de plus de 50% au début de la crise. La plupart des marchandises vient d'Italie qui était en plein confinement. S'ajoutait à cela la fermeture des usines en Suisse. On enregistre une reprise depuis quelques jours avec la réactivation de l'économie suisse même si on n'est pas encore revenu à une situation normale."
Cette baisse d'activité ne réduit pas pour autant le travail des douaniers qui doivent être beaucoup plus vigilants sur le contrôle des produits sanitaires. À noter le retour des hygiaphones dans les services de dédouanement. Cette remise au goût du jour sera d'ailleurs prise en compte dans les travaux de modernisation engagés au poste-frontière de la Ferrière. Comme quoi l'impact du coronavirus se répercute aussi dans la réalisation de locaux destinés à accueillir du public. Constate-t-on une recrudescence d'importation de masques au niveau des postes-frontières ? "Oui, répond sans hésiter le chef de la division Franche-Comté Frontière. On observe une hausse significative sur ce produit. On le ressent à travers les opérations de dédouanement. On s'assure qu'ils respectent les normes."
Quid des bouchons aux frontières et de la libre circulation des personnes entre la France et la Suisse ? Pas d'évolution à signaler pour l'instant. "Il faut que les deux pays soient d'accord. Pour le moment, ce n'est pas d'actualité sachant que certains postes sont ouverts le matin pour faciliter l'entrée des frontaliers soignants. Si on ouvre davantage, il faudra être en capacité de contrôler." Le statu quo devrait durer au moins jusqu'au 11 mai. L'entrée en France n'est toujours pas autorisée aux personnes étrangères qui souhaiteraient venir pour des loisirs, du tourisme d'achat ou séjourner dans leur résidence secondaire.