Le Parc naturel Régional (P.n.R.) du doubs horloger, la Mutualité sociale agricole (M.s.a.) et l’association santé éducation et Prévention sur les territoires (a.s.e.P.t.) ont lancé une campagne d’information sur ce sujet délicat.
En Franche-Comté, 8 à 12% des 8 200 actifs de la filière d’élevage bovin contractent chaque année une maladie respiratoire en lien avec leur activité. “Ici, les hivers sont longs et humides, et il y beaucoup de campagnols qui mettent de la terre dans la paille et la contaminent”, constate Emmanuel Faivre, président de l’A.S.E.P.T. Plus on fauche court, plus on ramène de terre qui produit une quantité d’eau résiduelle importante pendant le séchage.
Le R.E.P.R.A.N. (Réseau de Pathologies Respiratoires Agricoles National) recense 4 types ou groupes de maladies : pneumopathies d’hypersensibilité, asthme, bronchite chronique et bronchopneumopathies. “La paille, le foin et les farines représentent 90 % des expositions professionnelles chez les éleveurs laitiers”, précise Jean-Michel Lornet, médecin du travail de l’organisme. “Le foin est récolté, séché et engrangé sans moisissures. C’est pendant la phase de stockage que celles-ci se développent”, ajoute-t-il.
Dans 90% des cas, l’origine des maladies est cette moisissure qui produit des spores se déposant dans les alvéoles au plus profond des poumons. “Notre but est d’arriver à déconstruire les idées reçues, d’aider ceux qui sont déjà malades à continuer de travailler et de faire en sorte que les autres ne le deviennent pas”, ajoute le praticien. “Beaucoup considèrent qu’il est normal, lorsqu’on travaille dans une ferme, de tousser, d’être essoufflé… Ce n’est pas comme la cotte et les bottes, ça ne fait pas partie du pack !”, déplore-t-il.
Les symptômes apparaissent en hiver et ont tendance à se réduire dès le printemps venu. Certains passent 10 ans sans en parler, mais d’année en année la maladie laisse des traces et l’essoufflement s’installe. En conséquence ces pathologies, qui touchent majoritairement les hommes, ne sont détectées qu’entre 45 et 55 ans.
Parfois quelques petits changements peuvent payer. L’utilisation systématique d’un vestiaire dédié, chez nos voisins suisses, est une solution efficace. Ils se changent systématiquement avant de rentrer chez eux évitant de transporter des éléments polluants dans leur lieu de vie, nombre d’entre eux allant même jusqu’à disposer à la ferme d’une machine à laver. Le port du masque est également recommandé ainsi qu’une réflexion sur ses propres pratiques professionnelles (fauche, fanage, récolte, stockage et distribution). “Nous avons pu investir dans un bâtiment moderne aux dernières normes et avons décidé de nous équiper d’une machine autrichienne Schauer de dépoussiérage”, note Jérôme Cressier, associé avec son frère Simon et son neveu Élie du G.A.E.C. Lhomme-Cressier. Ils déposent des bottes de 350 kg dans un caisson qui coupe la paille, le mélange, la débarrasse de la poussière par gravité et alimente la chaîne de distribution aux animaux. 700 de kg de fourrage ainsi traités sont nécessaires quotidiennement aux 90 vaches et 60 veaux de l’exploitation. “L’objectif initial était la santé de nos vaches. C’est vrai que quand un agriculteur pense à la sienne, c’est surtout au niveau du physique (muscles, articulations, dos…) et pas forcément à celui de la contamination par des poussières”, ajoute Élie Lhomme.
Outre ces avantages sanitaires non négligeables, cette machine permet d’optimiser l’alimentation du cheptel (quantitativement et qualitativement) et de réduire l’utilisation du tracteur pour le transport des balles de foin dans l’étable, induisant une moindre pollution en gaz d’échappement. Le monde agricole fait donc face à vrai risque professionnel, nécessitant une formation des hospitaliers, médecins traitants et spécialistes.