L’Établissement français du sang (E.F.S.) de Bourgogne-Franche-Comté étudie l’opportunité d’implanter à Besançon un site de production de biothérapies innovantes. Le point avec Fanny Delettre, la nouvelle directrice générale de l’E.F.S.
Besançon pourrait devenir dans les prochaines années un site de production de médicaments de thérapie innovante, un axe majeur de travail de l’Établissement français du sang (installé à proximité du C.H.U. Minjoz) avec, en finalité, la construction d’un bâtiment de production sur le site de Témis Santé. Le conditionnel est encore de mise car il faut d’abord que l’étude de faisabilité de ce projet (étude récemment financée à hauteur de 50 000 euros par Grand Besançon Métropole et 110 000 euros par la Région B.F.C.) rende ses conclusions. Mais l’intention est bien là.
“L’E.F.S. est depuis plusieurs années positionnée sur cet objectif de production de médicaments innovants, notamment pour le traitement des cancers. Nous avons déjà accueilli une vingtaine de start-up travaillant sur ce thème. L’aboutissement de ce travail, ce serait, à moyen terme, l’industrialisation et la production de biothérapies” confirme Fanny Delettre, la nouvelle directrice de l’établissement, satisfaite de constater que “les collectivités locales ont décidé de nous aider dans ces études et c’est une très bonne nouvelle” ajoute-t-elle.
Les résultats de cette étude d’opportunité devaient être connus avant la fin du mois de janvier. S’ils s’avèrent positifs, l’E.F.S. pourra alors enclencher l’étape suivante, avec la création d’un bâtiment doté de plateaux techniques et de salles blanches, et de “trouver le modèle économique pour recruter et faire vivre ce bâtiment” ajoute la directrice à la tête d’un effectif de 530 collaborateurs. Ces biothérapies innovantes concernent notamment les CART cells (pour cellules T porteuses d’un récepteur chimérique). Ces nouveaux traitements - utilisés pour le moment en onco-hématologie - sont fabriqués à partir des lymphocytes T du patient qui, une fois modifiés génétiquement et réinjectés, sont capables de reconnaître et de détruire spécifiquement les cellules cancéreuses. Des équipes issues de l’E.F.S. travaillent déjà depuis plusieurs années sur ce genre de médicaments novateurs porteurs de nombreux espoirs.
“L’enjeu désormais pour nous est d’organiser et de structurer une filière publique de bioproduction, d’accompagner ces candidats-médicaments de la recherche vers la production” résume Fanny Delettre.
Derrière ces efforts de recherche et leurs besoins en termes de financement public, c’est la souveraineté nationale en termes de santé qui se joue. Besançon pourrait donc devenir un des maillons essentiels de cette filière. D’ici 2030, la France devrait produire une vingtaine de 20 biomédicaments sur son territoire. Les premiers tests cliniques des médicaments développés à Besançon devraient être effectués cette année.
Le don du sang, la face émergée de l’E.F.S.
Au-delà de ses activités de recherche, l’autre mission de l’E.F.S. et la plus connue, c’est le don du sang. Pour répondre aux besoins actuels à l’échelle de la région Bourgogne-Franche-Comté, l’E.F.S. a besoin de 600 dons par jour. L’E.F.S. Bourgogne-Franche-Comté, dont le siège rappelons-le, se situe à Besançon compte 8 sites de prélèvement accueillant des donneurs : Auxerre, Belfort, Besançon, Chalon-sur-Saône, Dijon, Mâcon, Nevers et Sens. En collaboration avec les 230 associations de donneurs de sang bénévoles de la région, l’E.F.S. contribue ainsi à collecter entre 130 000 et 140 000 dons par an, grâce à un réseau de 86 000 donneurs actifs.