Écartés de la vaccination, ils s'interrogent
Il y a un an, ils ont répondu présents, parfois sans masques. Aujourd'hui, les infirmiers libéraux ne font pas partie des personnels habilités à vacciner. Courroux d'un collectif bisontin.
Depuis le premier confinement en mars 2020, les infirmiers libéraux bisontins ont été à pied d’œuvre, directement dans l’œil du cyclone, afin de lutter contre la covid 19, avec l’appui de la ville de Besançon. Ils ont été et sont largement impliqués dans le dépistage, le traitement ou la surveillance à domicile des patients atteints ou dans les centres de vaccination, tout en continuant les soins curatifs ou préventifs quotidiens indispensables à tous leurs patients. "Il y a un an, malgré des conditions des plus difficiles avec parfois un manque cruel d’équipement de protection individuelle, chaque infirmier libéral a continué à sa déplacer au chevet de ses patients alors même que la France était paralysée et que la plupart des autres professionnels de santé étaient contraints de rester chez eux" témoigne un infirmier libéral.
En se coordonnant à distance avec les médecins généralistes, ces infirmiers ont permis un grand nombre de maintien à domicile dans le but d’éviter le plus possible l’engorgement inutile des hôpitaux.
Pourtant, les infirmiers sont les grands oubliés de la vaccination contre la covid 19 dans le décret du 4 mars 2021. Ils ont malgré tout immédiatement répondu présent dans les centres de vaccination, sur leur temps de repos ou de vacances. Les médecins, les pharmaciens et les sages-femmes ont été mis au premier plan de la vaccination en dehors des centres... mais pas les infirmiers !
"On se prive de notre expertise"
"Pourquoi se priver d’un tel réseau existant et performant pour en créer de nouveaux ?, interroge un collectif d'infirmiers bisontins qui s'est fendu d'une lettre ouverte. Ces infirmiers, dont la compétence vaccinale n’est plus à prouver, sont écartés en pleine accélération de la campagne vaccinale. On se prive de leur expertise alors qu’ils ont tous un cabinet adapté à la pratique des soins, qu’ils savent gérer les éventuelles situations d’urgences ou complications liées à l’injection. Cette exclusion est absolument incompréhensible et illogique, alors qu’en parallèle, le gouvernement souhaite confier à des non-soignants la pratique de ces vaccinations ! Ce clivage illustre parfaitement l’adage « diviser pour mieux régner ».
"Grâce à la confiance, une meilleure adhésion à la vaccination"
Il ne leur manque plus que le feu vert pour commencer, à l’image de la vaccination antigrippale autorisée par le code de la santé publique et réalisée sans avoir recours à une prescription médicale. "Bien entendu, les infirmiers respectent les indications ou contre-indications. Nous avons l’habitude des protocoles depuis toujours et sont dans les starting-blocks. Nous connaissons nos patients : leur confiance nous permettra de manière sûre une meilleure adhésion à la vaccination contre la Covid 19".
"Les applaudissements, un lointain souvenir ?"
"Injecter un médicament et vacciner est le cœur de notre métier. Pourquoi nous exclure ? Nous sommes les plus à même d’augmenter la couverture vaccinale en France et ont le soutien de la Haute Autorité de Santé, de France Assos Santé, de l’Ordre des infirmiers et des syndicats. Peut-être que pour les autorités, les applaudissements nourris, les soirs il y a un an, ne sont plus qu’un lointain souvenir de l’attachement des français à leurs soignants..."