Il avait surgi sur la scène médiatique nationale pour avoir voulu régulariser son apprenti sans-papiers. Puis localement aux législatives de 2022. Depuis, que devient le “boulanger-candidat” ?
Micros tendus, caméras braquées sur lui le temps d’une campagne législative. Et depuis, plus rien, ou presque… S’il est passé sous les radars depuis sa défaite aux législatives de 2022 à Besançon, le médiatique boulanger bisontin n’a pas pour autant cessé ses actions militantes. Loin de là. Stéphane Ravacley est toujours engagé en politique. Au moment des élections, il avait été récupéré par les écologistes, le P.-S. ayant été écarté des investitures dans notre région. Mais c’est bien dans ce parti, le P.-S., que M. Ravacley est engagé et désormais encarté. Localement, et au plan national avec une fonction de secrétaire national pour les petites entreprises et l’artisanat.
Un sujet que connaît évidemment bien le boulanger de Rivotte. Et que l’actualité sociale remet au cœur des débats. Son avis sur la régularisation des sans-papiers dans les emplois tendus est clair : “Les petites entreprises ont besoin de cette main-d’œuvre-là ! Il faut arrêter d’être hypocrite sur cette question. Il y a des centaines de personnes dans cette situation qui travaillent déjà, notamment à Paris, et qui ne demandent qu’à s’intégrer. L’article 3 du projet de loi Immigration était bon !” plaide Stéphane Ravacley qui travaille sur cette question aux côtés du sénateur socialiste bourguignon Stéphane Durain.
Stéphane Ravacley s’appuie aussi sur son actualité récente, lui qui vient de vendre sa boulangerie à deux de ses employés, mais qui en reste salarié. “Nous avons mis une annonce pour trouver un nouvel apprenti. Nous n’avons que trois réponses : deux mineurs guinéen et ivoirien, et un Russe ! Il faut donc arrêter de dire que les travailleurs étrangers prennent le travail des Français. Ils veulent faire ce que les Français ne veulent plus !”
C’est ce combat pour la régularisation des travailleurs sans-papiers qui avait conduit le boulanger à se forger une notoriété nationale dès 2017. Ce qui l’a amené à s’intéresser notamment aux débats européens sur le travail et l’immigration. Conscient qu’il a été un symbole pour quelques partis de gauche, Stéphane Ravacley revendique même cet état de fait. “Les partis ont voulu se servir de moi comme moi je les sers. C’est du donnant-donnant” dit celui qui aujourd’hui ne ferme pas la porte à une candidature avec le P.-S. aux prochaines élections européennes de juin 2024. “J’aimerais faire partie de cette aventure” avoue-t-il. Et aux prochaines municipales de Besançon en 2026 ? “Si je pouvais occuper un poste d’adjoint, ce serait au commerce” avance le quinquagénaire avant d’ajouter : “Mais les écologistes ne sont jamais revenus me revoir après les législatives, alors je n’en attends rien…”
Boulanger, homme politique… Il y a aussi un troisième Stéphane Ravacley, c’est l’humanitaire. Celui qui s’était engagé dès le début de la guerre en Ukraine en participant aux convois, celui qui plus récemment a fait un appel pour aider les sans-abri à Paris - “une cause moins porteuse avoue-t-il, car pour les gens, un sans-abri ça pue et c’est alcoolique…”
Son combat pour les migrants avait été mis sous la lumière au Festival de Cannes par les frères Dardenne qui avait salué publiquement l’engagement du Bisontin. À sa grande surprise. “J’é étais en train de faire les croissants au fond de ma boulangerie à 22 h 30 quand j’ai reçu une trentaine de messages de mes amis qui me disaient que les frères Dardenne parlaient de moi !” se souvient-il. Cette mise en lumière a eu des suites : Stéphane Ravacley a été amené à intervenir au Parlement européen de Bruxelles aux côtés des deux cinéastes et plus récemment, ce 14 novembre, à l’Assemblée nationale, toujours avec eux, pour évoquer la cause des migrants.
Il y a enfin le Stéphane Ravacley artiste, qui a collaboré au montage d’un spectacle sur les exclus, présenté l’an dernier au Festival d’Avignon, avec une tournée française prévue en 2024. “Et j’espère bien qu’on fera venir ce spectacle à Besançon !” dit le boulanger, estimant qu’il est “en train d’entamer ma deuxième vie !” Pour ceux qui déploraient sa disparition des écrans radars, qu’ils soient rassurés, on n’a donc pas fini d’entendre Stéphane Ravacley !.