Bientôt une issue thérapeutique pour une des leucémies les plus mortelles.
L’équipe de recherche bisontine UMR 1098, rattachée à l’Établissement français du sang, a reçu un important financement de l’Institut national du cancer (INCa) et de la Direction générale de l’offre de soins. Ce qui va lui permettre de voir aboutir ses travaux avec le développement d’un nouveau médicament innovant.
Cela fait plus de six ans qu’ils y travaillent. Les porteurs du projet “CAR123” vont pouvoir passer à la phase de recherche clinique avec administration aux patients au sein du CHU de Besançon. Une avancée majeure pour toutes les personnes souffrant de “leucémie pDC”, une forme rare et très agressive pour laquelle les laboratoires de cytologie et d’immunologie du Pr Francine Garnache-Ottou sont devenus un centre de référence en France. “Nous centralisons tous les diagnostics, qui sont assez difficiles à établir” dit-elle. Jusqu’ici, le corps médical se trouvait dans une impasse avec comme seul traitement : une chimiothérapie agressive avec greffe de moelle osseuse, peu adaptée à la médiane d’âge de survenue de cette maladie orpheline qui est de 60 ans. Offrant par ailleurs des chances de survie limitées. “30 nouveaux cas sont recensés chaque année et touchent aussi parfois des enfants.”
Cette méthode pourrait à l'avenir être utilisée contre d'autres leucémies.
L’équipe de recherche bisontine s’est alors mise en quête d’un traitement reposant sur la technologie innovante des CAR-T cells. Cette nouvelle forme d’immunothérapie consiste à prélever les lymphocytes T d’un patient (chargés de défendre l’organisme), pour les reprogrammer afin qu’ils soient en mesure de reconnaître et détruire les cellules cancéreuses. “La thérapie développée se fait avec l’identification d’un marqueur tumoral ciblé”, précise le Pr Éric Deconinck, co-porteur du projet et chef du service d’hématologie du CHU de Besançon.
Elle se montre d’autant plus importante qu’elle pourrait servir, à terme, à plusieurs autres types de leucémie. “Si d’autres leucémies aiguës ont le même marqueur, elles pourraient répondre à ce traitement. On peut aussi faire d’autres CAR-T cells dirigés contre d’autres marqueurs, cela ouvre potentiellement plein de portes.” Un autre projet de traitement est d’ailleurs porté à l’E.F.S. par les Drs Deschamps et Ferrand.
Une filière d’avenir née à Besançon.
Le financement obtenu ici (signe du soutien des autorités de tutelle), promet ainsi la poursuite d’une aventure médicale d’avenir née à Besançon. Toute l’innovation de ce projet tient aussi dans le fait qu’il ait été développé de façon académique, en dehors de la filière industrielle. Ce qui laisse espérer des coûts raisonnables et un accès général à la population. Reste à ce que le traitement fasse ses preuves sur le long terme. “Les trois thérapies par CAR-T cells déjà commercialisées en France, ciblant des lymphomes, donnent des résultats étonnants chez ceux qui étaient en impasse thérapeutique”, signale le Pr Éric Deconinck, qui se veut confiant tout en restant prudent.