Nadia, Bariza et Joëlle habitent Planoise depuis plus de 40 ans. Témoins de l’évolution du quartier, elles s’investissent pour valoriser la jeunesse, entre autres au sein de l’association de Planoise Valley. Surtout, elles se battent pour mettre en lumière le quartier, bien au-delà des problématiques de délinquance

"Attablées autour d’un café et de petites gourmandises arrosées de miel, Nadia et Bariza, bientôt rejointes par Zina, la fille de Bariza, discutent de leur quartier. Par la fenêtre, les couleurs d’automne chatoient sur un immeuble. “Vous verriez la vue l’hiver, c’est magnifique !”, relève Bariza. Depuis 1970, la dame vit dans ce quartier, et ne s’en lasse pas. “Jamais je ne penserai à m’en aller. La précarité existe partout mais Planoise, c’est la richesse du coeur. C’est un quartier ultra-riche dans sa mixité.”

À cet instant, la sonnette retentit. Bariza disparaît quelques secondes puis revient. “C’est mon voisin qui me demande si j’ai besoin de quelque chose en courses. Vous voyez, c’est ça, Planoise, c’est l’entraide, la solidarité.”

Bariza et Nadia habitent Planoise depuis 50 ans. Elles s’investissent au quotidien dans l’association Planoise Valley pour la jeunesse et sa réussite

Nadia, elle, habite Planoise depuis plus de 50 ans. Elle était aux premières loges lors des émeutes de l’été dernier. “Quand vous voyez ça, vous pleurez, c’était bouleversant.” Toutes deux s'accordent à dire que Planoise, ce n’est pas ça, pas que ça, malgré l’image renvoyée dans les médias, assombrie par des affaires de trafics et de violences. Au fil des années, elles ont vu leur quartier évoluer de manière positive. Même si elles se sentent moins en sécurité qu'il y a 20 ans, elles notent des améliorations depuis deux-trois ans. “Il y a eu un travail formidable sur les rodéos, on a passé un été magnifique, et là, c’est calme”, observe Nadia. “Il n’y a pas si longtemps, Planoise était abandonné mais aujourd’hui, il y a de plus en plus de nouveautés, on propose plein d’activités”, poursuit Bariza.

Comme souvent malheureusement, il aura fallu des drames pour que la situation bouge, en l'occurrence le décès en quatre mois de deux jeunes en 2022. “Si on tue nos enfants, où on va ? On ne veut plus de tout ça, se désole Bariza. On est impuissant face à ça mais ça ne nous empêche pas d’agir”, renchérit Nadia. Cette dernière décide de créer le collectif Stop à la violence en décembre 2022 “pour taper du poing.” Le collectif a écrit une lettre ouverte aux autorités publiques pour alerter sur les violences. “C’est à partir de là qu’on s’est senti écouté.”

Outre le collectif, les habitantes s’investissent depuis trois ans dans l’association Planoise Valley, en référence à la Silicon Valley. Car l’objectif est bien la réussite du quartier et de sa jeunesse. “On veut valoriser le quartier, donner une meilleure image et travailler avec la jeunesse, des jeunes de 12, 13, 14 ans qui sont sortis des radars, on souhaite trouver des solutions pour les faire participer à la vie du quartier, les motiver à avancer”, explique Nadia. L’association projette de créer un groupe de gilets roses, sur le modèle de ce qui se fait en Corbeil-Essonnes. Ce collectif de mamans part à la rencontre des jeunes pour rétablir la paix et le dialogue.

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Mais si les idées ne manquent pas, il faut des moyens. C’est pourquoi Nadia et Bariza attendent la suite qui va être donnée au projet F.A.R. (Force d’action républicaine). “On attend beaucoup de l’État, surtout pour les jeunes, il faut les moyens adéquats”, glisse Bariza. “Il y aura des moyens avec la F.A.R., mais comment vont-ils être dispatchés ? La priorité absolue, c’est la jeunesse, il faut miser gros, on est dans l’urgence”, précise Nadia. Cette dernière, accompagnée de Zina, 36 ans, ont participé à la réunion en préfecture début novembre sur ce projet. “On a été surprises par le fait que la discussion était ouverte, les échanges étaient très intéressants, ils nous ont demandé d'identifier les besoins des habitants”, resitue Zina. Emploi des jeunes et sécurité ont été les sujets les plus développés mais l’entrepreneuriat, l’Éducation nationale (manque de mixité sociale dans les classes, la sécurité aux abords de l’école, le manque de moyens pour les professeurs des écoles et les A.E.S.H.) n’ont pas été oubliés. “Il y a aussi eu le volet sur la misère sociale, avec de grosses inégalités. Certaines familles n’ont pas les moyens de sortir du quartier, même pour aller au centre-ville. Pour l’emploi, il faut aller chercher les jeunes, les accompagner du début à la fin, le prendre par la main. Car tout part de la déscolarisation, finalement”, continue Zina. D’où l’importance capitale des actions de Planoise Valley.

Joëlle Cailleaux, habitante de Planoise depuis 40 ans, ancienne principale du collège Diderot connaît bien ses problématiques. Elle travaille notamment pour La Passerelle, un trimestriel du quartier. “Il y a déjà eu des essais, des tentatives. Aujourd’hui, une cohésion de quartier commence à se faire sentir, les associations se connaissent et finissent par travailler ensemble, appréciet-elle. Une espèce de pâte commune se crée, les associations travaillent davantage avec les structures, les médiathèques, les maisons de quartier.” Encore une fois, la solidarité, la mixité, et l’entraide racontent Planoise et sa vie quotidienne.

Pour conclure, Bariza, Nadia et Zina résument leur engagement : “On ne se battrait pas si on n’aimait pas notre quartier.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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