La vitalité de l’économie suisse jusqu’à maintenant a entraîné une forte hausse de la démographie. C’est de loin la commune du secteur à avoir le plus grandi en nombre d’habitants.
À l’inverse de Morteau qui a perdu des habitants depuis le dernier recensement, passant de 6 970 habitants en 2016 à 6 905 en 2022, Villers-le-Lac continue sa course folle à la démographie. La commune frontalière est ainsi passée de 4 445 habitants en 2011, à 4 889 en 2016, et a atteint les 5 248 en 2022.
« Au 1ᵉʳ janvier 2025, nous sommes désormais 5 346 », précise la maire Dominique Mollier, derniers chiffres en main. En une douzaine d’années seulement, Villers-le-Lac a donc gagné plus de 750 habitants. Si le fait d’avoir passé la barre des 5 000 habitants donne droit à plus de dotations de la part de l’État - pas loin de 700 000 euros de dotation de fonctionnement (D.F.) pour Villers-le-Lac -, une telle hausse de la démographie ne va pas sans contraintes pour une ville frontalière dont la vitalité démographique dépend en grande partie de la Suisse voisine.
« On dépend totalement de la Suisse », confirme Dominique Mollier, qui doit souvent composer avec des nouveaux arrivants qui ont parfois du mal à s’adapter au mode de vie de la moyenne montagne. « On nous a récemment demandé d’installer des caillebotis sur la route d’accès à l’école, rendue glissante à cause de la neige. On a souvent ce genre de remarques de la part d’habitants venus ici que pour le travail. C’est parfois compliqué à gérer », avoue la première magistrate. Cette question de l’intégration des néo-frontaliers est un vrai souci pour la maire, qui déplore la multiplication « des comportements individualistes, voire agressifs ».
Corollaire de cette hausse démographique, les services publics doivent s’adapter. Extension de l’école du Centre et du collège, augmentation des capacités de la station d’épuration, extension prévue du cimetière : le budget de fonctionnement de la commune s’en ressent. « Il est passé de 3,8 millions il y a quelques années à plus de 5 millions aujourd’hui », chiffre la maire. Le nombre d’agents municipaux (voirie, crèche, garderie, administratif…) suit la même courbe, ils sont 70 désormais.
La question du logement est évidemment une des plus cruciales pour la commune, qui ne possède plus de terrains communaux mais cherche à chaque fois qu’elle le peut à optimiser son foncier et ses bâtiments. Bientôt, c’est l’ancienne usine Parrenin qu’elle a prévu de transformer en un programme de 45 logements « pour permettre aux nouveaux habitants, mais aussi à nos anciens, de pouvoir trouver un logement en cœur de ville ». Un autre programme, privé cette fois-ci, de 41 logements est prévu vers le rond-point d’Isa France.
« S’il y a bien une chose que je me refuse à faire, alors qu’on me pousse souvent à le faire, c’est de créer des immeubles 100 % réservés aux frontaliers, voire des cabanes à frontaliers comme on les voit à certains endroits. C’est hors de question ici. Ma boussole depuis dix ans, c’est que Villers-le-Lac ne devienne pas une ville-dortoir », assène la maire.
Pour tenter de desserrer la contrainte foncière, Villers-le-Lac avait engagé la révision de son plan local d’urbanisme (P.L.U.), mais cette démarche a été interrompue et prendra un peu plus de temps que prévu puisque c’est la communauté de communes qui chapeaute désormais un projet de P.L.U. intercommunal. À ceux qui reprochent une certaine anarchie architecturale de sa commune, la maire rétorque que « contrairement à d’autres villages typiques, Villers n’a jamais eu de cohérence architecturale marquée avec du patrimoine remarquable. Ici, on est riche des bassins et du Saut du Doubs ! On fait donc avec ce qu’on a ! », sourit-elle.
La Suisse, si elle est une richesse incontestable pour la vitalité de la commune, n’est pas non plus la panacée. « Il y a ceux qui arrivent, mais il y a aussi des frontaliers qui repartent, il ne faut pas l’oublier. Ce qui rend d’autant plus difficile les prévisions en matière de services publics », conclut Mme Mollier, maire d’une commune qui devrait sans doute atteindre les 5 800 habitants au cours de la prochaine décennie.