Photographe reconnu, Jack Varlet est aussi un conteur d’histoires. De ceux qui mettent l’humain au centre et qui aiment que l’image fasse sens. Comme en atteste son dernier film vidéo, réalisé sur le travail du sculpteur bisontin Paul Gonez.

Venu à la photo professionnelle très tôt, Jack Varlet dit n’avoir jamais vraiment voulu faire autre chose. “J’ai bien eu la période pompier à 7 ans comme beaucoup”, s’amuse-t-il, “mais dès le collège, j’ai commencé à photographier les copains. Je n’étais pas à l’aise avec le verbe et la photo a ce côté universaliste. C’est un silence parlant.”

S’il a commencé par des études de droit, le photographe est ainsi vite revenu à sa passion. Par envie aussi de mieux approcher l’humain. “J’adore les gens. Si je fais de la photo, c’est aussi pour ça”, explique-t-il.

Spécialisé dans le portrait et le reportage, Jack Varlet fait aussi de la photo pour l'édition, la gastronomie, l’art.

Installé en Haute-Saône, il partage aujourd’hui son temps entre ses projets personnels et ses reportages photos pour des magazines (Le Point, Nouvel Obs…) ou des professionnels (artistes, entreprises, industriels…) entre Doubs, Jura, Vosges, France et Suisse. Il a également déjà participé à une quarantaine d’ouvrages portant sur les paysages, les musées, le patrimoine… Tout en élargissant sa palette de compétences au gré de l’évolution de la profession.

Il s’est ainsi formé, il y a 10 ans, au pilotage de drone et a également fait un stage à l’Institut national de l’audiovisuel (I.N.A.). Dans une sorte de “suite logique” à ses yeux. “J’avais cette deuxième passion du cinéma et ce côté frustrant de la photo qui reste instinctive et émotive, mais pas narrative.” Le photographe s’est peu à peu mué en vidéaste. Son dernier film vidéo, qui appuiera la prochaine exposition d’automne de Paul Gonez, invite à découvrir le travail du sculpteur bisontin, depuis le processus de création à la fonderie d’art, jusqu’à la finition et la patine du bronze dans l’atelier de l’artiste. Un format de 11 minutes, à contrepied des teasers et clips habituels, que Jack Varlet assume. “J’aime bien avoir une certaine longueur. N’être que dans l’émotion ou l’instantané n’est pas suffisant et je pense qu’il y a un besoin de faire sens.” Il y privilégie là encore une approche humaine et emphatique, jouant de la lumière et de mouvements de caméra mesurés.

L’utilisation du drone fait tout autant partie “des extensions” de son métier. “Un photographe cherche tout le temps un angle de vue (un instant, un cadrage…), le drone a ceci de bien qu’il augmente le champ des possibilités.” Jack Varlet y voit toutefois un écueil “en ce qu’il éloigne de l’humain et qu’il rapproche plus du métier de géographe.”

Publipresse, votre agence de communication globale à Morteau

Philosophe, il s’attend bien sûr à une nouvelle évolution de la pratique avec l’arrivée de l’intelligence artificielle. Lui avait déjà connu le bouleversement du passage à la photo numérique, après 25 ans passés à utiliser un appareil argentique. “On s’est retrouvé à acheter un nouvel appareil photo tous les ans, alors qu’on en achetait un tous les 30 ans. Cela a marqué un vrai tournant.” Il avoue même avoir déjà été amené à faire des photos avec son téléphone et s’étonne de leur qualité et de l’efficacité. Pour autant, il tient à conserver cette dimension de la photo rare et précieuse. “L’abondance apportée par le numérique oblige à avoir cette réflexion avant la prise. On le voit comme une forme de liberté, mais c’est finalement une liberté restrictive dans sa forme créative. Je le rappelle dans les cours que je donne à l’I.U.T. de Besançon. Le choix est encore plus fondamental aujourd’hui”, souligne Jack Varlet. “Il y a cette idée que les limites créent la liberté.” Lui n’hésite pas à s’en imposer comme dans cette série de portraits, réalisée avec une chambre photographique et un seul cliché par personne, ou ce livre “Lumières à l’ombre” (né du confinement), où il se contraint à l’espace de son salon avec une photo et un texte par jour.

Pour boucler la boucle et par amour de la narration, Jack Varlet a également déjà écrit deux romans. Des textes une fois encore guidés par des images, dont le photographe nous rappelle qu’elles ne sont pas l’anagramme de “magie” pour rien.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
Abonnez-vous en ligne en quelques clics
Abonnement La Presse Bisontine