Après avoir connu bien des vicissitudes, l’activité vigneronne renaît depuis quelques années sur les coteaux de Vuillafans grâce au travail de François Aubert et de Hugo Courvoisier, deux “reconvertis” bien déterminés à développer une belle gamme de vins bio. Rencontre
Plus de 1 000 hectares de vignes occupaient les coteaux de la vallée de la Loue entre Mouthier-Haute-Pierre et Ornans au XIXème siècle. C’était avant l’arrivée du chemin de fer, des vins du Midi et du phylloxéra qui ont eu raison de cette activité prospère.
Au début des années quatre-vingt-dix, l’association de revitalisation du milieu rural, Ruranim relève le défi de replanter des pieds de vigne sur les coteaux de la Croix de Croux et de Plain Madame. Ce projet va générer un élan de solidarité sans pareil. 1 600 souscripteurs apportent leur contribution pour acquérir, planter et récolter le vin de Vuillafans. Les réalités climatiques et humaines - mauvaises récoltes, querelles intestines - auront finalement raison de ce premier sursaut. La vigne est laissée à l’abandon en janvier 2014.
C’est l’époque où François Aubert entamait sa reconversion. Après des études en biologie à l’Université de Besançon, il a décidé de donner un autre sens à son parcours. “J’ai arrêté mon cursus pour aller travailler comme ouvrier dans les vignes du Jura. Comme j’avais envie de vivre de ce métier, j’ai passé un B.T.S. au lycée viticole de Beaune”, explique celui qui avait opté pour une formation par alternance en travaillant alors dans un domaine bio à Mercurey.
À la recherche d’une exploitation à reprendre en Franche-Comté, il découvre Vuillafans en 2016. Un coup de cœur. “C’est là que je voulais me lancer d’autant plus que j’avais déjà un bon réseau de vente dans le Doubs.” François Aubert se met à l’œuvre au printemps 2016 avec un gros travail de nettoyage. Un autre jeune vigneron s’installe aussi sur ce vignoble planté en différents cépages : chardonnay, pinot noir, gamay, auxerrois, trousseau. Il arrêtera au bout de quelques années.
Les vignes de Vuillafans présentent l’originalité d’être taillées en lyre. Une technique qui a ses avantages et inconvénients. “On a deux fois moins de pieds à l’hectare mais les grappes bénéficient d’une meilleure exposition. On tourne avec un rendement qui varie entre 30 et 35 hectolitres par hectare”, note Hugo Courvoisier qui a repris en 2021 la partie du domaine qui n’était plus exploitée.
Informaticien de formation, lui aussi a préféré vivre du travail de la terre. Un peu comme son grand-père qui avait des vignes du côté de Gevingey. Il passe un Bac professionnel au lycée de Beaune où il fait d’ailleurs la connaissance de François Aubert. “J’ai travaillé en Bourgogne, dans le Jura, dans le Beaujolais avant de me spécialiser dans la distribution et de me mettre à mon compte à Besançon en travaillant avec des professionnels : cavistes, restaurateurs…”
Hugo Courvoisier vient vivre à Montgesoye. L’occasion de renouer le contact avec François Aubert et d’apprendre qu’il y a une possibilité de reprendre 3 hectares de vigne. “J’ai sorti mon premier millésime qui est resté un an en barrique. D’ici quelques années, je projette de faire du vin de garde. Ici à Vuillafans, on raisonne sur la base d’une gamme diversifiée. On travaille actuellement sous l’appellation Vins de France et on a engagé les démarches pour avoir l’I.G.P. de Franche-Comté, Coteaux de Vuillafans.”