Confronté à l'augmentation des tarifs d’électricité fin 2022, qui aurait triplé le budget annuel, le G.A.E.C. des Lancieux a installé plusieurs dispositifs afin de réduire sa consommation d’énergie. La réflexion lancée il y a déjà plusieurs années s’est accélérée ces derniers mois.

Avec une production annuelle d’1,2 million de litres de lait et un troupeau de 185 vaches laitières, le G.A.E.C. des Lancieux dépense de l’énergie, tant humaine qu’électrique. Depuis quelques années, les quatre associés, Sylvain Marmier, Philippe Alpy, Bastien André et Charles-Antoine Marmier réfléchissent sur la façon d’atténuer le bilan carbone de l’exploitation et de réduire les consommations d’énergie. Alors, quand à la fin 2022, le budget de 15 000 euros par an dédié à l’électricité risquait de tripler, les agriculteurs ont pris le taureau par les cornes et investi dans des dispositifs pour économiser l’énergie en 2023. “Nos principaux postes de consommation d’énergies et de ressources sont l’électricité, l’eau et le carburant”, explique Charles-Antoine Marmier.

Des variateurs de fréquence sur les ventilateurs permettent d’automatiser le séchage et de le déclencher selon les conditions climatiques, comme l’explique Charles- Antoine Marmier.

Le G.A.E.C. des Lancieux a en effet fait le choix du séchage du foin en vrac en grange, très intéressant d’un point agronomique et zootechnique. Mais très gourmand en électricité. “De gros ventilateurs soufflent de l’air chaud sous la toiture pour sécher le foin. Nous avons installé des variateurs de fréquence sur les moteurs des ventilateurs, ce qui permet d’automatiser l’installation avec un système de sondes d’humidité et de température. Le séchage se déclenche et varie sa puissance en fonction des conditions climatiques. On ne ventile pas pour rien”, éclaire Charles-Antoine Marmier. Le séchage en grange est utilisé seulement sur les trois mois de la campagne fourragère, pour autant les économies restent non négligeables. S’il est encore trop tôt pour tirer un bilan, le G.A.E.C. table sur plusieurs milliers d’euros d’économies sur la période et un retour sur investissement (ce dernier étant de l’ordre de 15 000 euros) assez rapide.

En 2015 déjà, du séchage solaire en surtoiture avait été installé pour remplacer les résistances électriques. Autre poste très énergivore, la réfrigération du tank à lait. Les 3 000 litres qu’il peut contenir doivent passer de 30 à 12 °C pour la production de comté, et 4 °C pour le mont d’or. Pour atténuer le delta de température, le G.A.E.C. a installé depuis septembre un pré-refroidisseur entre la salle de traite et le tank à lait, système beaucoup utilisé dans les fromageries et l’agroalimentaire. “Le lait passe dans un tuyau et l’eau passe à contre-courant dans un autre, ce qui produit un échange de calories entre les deux”, souligne Charles-Antoine Marmier. Si l’installation a coûté 18 000 euros, les associés n’ont aucun doute sur l’efficacité du système. “Avant, le tank à lait tournait tout le temps. Là, le lait arrive déjà à 12 °C, il ne tourne presque pas pour le lait qui part en comté, et beaucoup moins pour celui qui est destiné au mont d’or. On sollicite moins le matériel.”

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Comme avec le bon sens paysan, rien ne se perd, l’eau qui sort du pré-refroidisseur part alimenter les abreuvoirs des vaches, qui se délectent d’une eau à 30 °C. “On n’a pas encore de recul sur le réel bénéfice pour les bêtes mais lorsqu’elles boivent de l’eau à 9 °C, celle-ci refroidit la panse et il faut plus d'énergie pour la réchauffer”, constate l’agriculteur. Par ailleurs, le G.A.E.C. des Lancieux, gourmand en eau, consomme 12 000 m3 d’eau par an. L’exploitation a investi dans une citerne de 650m3 de récupération d’eau qui est potabilisée, mise en service cet été. “La rentabilité est moindre mais on sollicite moins le réseau. La citerne permet une autonomie de trois semaines pour le G.A.E.C., même si là aussi nous n’avons pas encore assez de recul”, relève Charles-Antoine Marmier.

Dans la même optique, le lavage des installations de traite nécessite une eau à 80 °C, chauffée avec des chauffe-eau électriques. L’exploitation anticipe déjà la prochaine phase pour économiser de l’énergie : du photovoltaïque en toiture sur deux nouveaux bâtiments en autoconsommation et revente du surplus. Le premier de 600m2 servira de hangar de stockage pour abriter du matériel et le foin en vrac. La puissance installée en photovoltaïque sera de 150 kW. Soit l’équivalent environ de 200 000 kW/h, quand la consommation annuelle actuelle du G.A.E.C. est de 80 000 kW/h. “On a encore de la marge de manœuvre par rapport à la consommation annuelle, c’est pour ça que l’objectif est d’électrifier le plus possible pour pouvoir autoconsommer au maximum l’électricité photovoltaïque”, relève Charles-Antoine Marmier. L’installation estimée à 200 000 euros avec la construction du hangar devrait permettre une réduction de 50 % de la facture d’électricité.

Dans la même veine, le G.A.E.C. consomme environ 15 000 litres de G.N.R. par an, et compte passer autant que possible de véhicules thermiques à électriques. “On brasse les fosses à lisier une fois par semaine, cela veut dire que pendant deux heures, un tracteur doit tourner pour actionner le mécanisme. On compte mettre des moteurs électriques à la place, ce qui permet d’automatiser, cela enlève une contrainte de travail, un gain de temps et une économie de carburant”, projette l’agriculteur.

Un second bâtiment, une nursery pour les veaux et les vaches taries, va aussi être construit et pourvu de photovoltaïque pour 250 kW de puissance installée, destinée à la revente.