Si la plupart des pêcheurs ne sont pas rentrés bredouilles le 9 mars dernier, jour de l’ouverture de la pêche en première catégorie, le moral des troupes reste néanmoins miné par la dégradation des rivières : Doubs, Dessoubre et leurs affluents qui sont loin d’avoir retrouvé leur richesse halieutique d’antan.

Philippe Grosso, le président de la Fédération de pêche du Doubs et de la société La Gaule mortuacienne, semblait agréablement surpris de voir l’affluence de pêcheurs le jour de l’ouverture dans le Val de Morteau. “On constate qu’il y a pas mal de jeunes. À la différence des anciens, ils privilégient des techniques de pêche aux leurres artificiels plutôt qu’avec des vers de terre par exemple. Ces nouvelles techniques sont très médiatisées sur des chaînes spécifiques et sur les réseaux sociaux. L’état d’esprit a beaucoup évolué, les jeunes sont plus axés sur le poisson trophée qu'ils remettent à l’eau. Cette jeunesse, c’est un point encourageant dans un monde de la pêche plutôt vieillissant.”

Face à tous les fléaux qui pèsent sur les cours d’eau du Haut-Doubs - pollution, étiage, prédation d’espèces invasives -, Philippe Grosso garde le moral.

Pour appâter le pêcheur, La Gaule mortuacienne avait procédé juste avant le 9 mars à plusieurs déversements de truites d’élevage dites surdensitaires. “Cela représente 400 kg de poissons en provenance de la pisciculture de Bonnevaux-le-Prieuré.” L’A.A.P.P.M.A. La Gaule mortuacienne rassemble entre 330 et 350 pêcheurs. Un effectif relativement stable axé essentiellement sur la pêche dans le Doubs qui présente la particularité d’associer un parcours en 1ère catégorie entre Remonot et le pont de la Roche où il passe ensuite en seconde catégorie.

La Gaule mortuacienne a déversé 400 kg de truites d’élevage juste avant l’ouverture d e la pêche le 9 mars dernier.

S’il est ravi que les jeunes s’intéressent encore à la pêche de loisirs, Philippe Grosso n’affiche pas le même enthousiasme quand il s’agit de parler de l’état de santé des rivières. “La pollution d’origine agricole reste le problème numéro un. C’est flagrant dans le Dessoubre avec des fonds complètement colmatés. Avec le réchauffement climatique, les épandages sont de plus en plus précoces. Les dates sont bien respectées. Ce qui dérange, c’est que tout le monde épande en même temps et le milieu ne peut absorber tous ces apports dont une partie se retrouve dans les nappes et les rivières. On peut quand même saluer les efforts de la communauté de communes du Val de Morteau pour remettre à niveau les réseaux d’assainissement. On fonde aussi beaucoup d’espoir sur le projet de station à Villers-le-Lac.”

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Si un jeune pêcheur a sorti une belle truite de 72 cm, les spécimens de cette taille se font de plus en plus rares. La truite sauvage se réfugie de plus en plus à l’amont en se rapprochant de la source du Doubs. “Le ruisseau de Cornabey qui prend sa source à Derrière-le-Mont est le dernier ruisseau pépinière du Val de Morteau où la truite autochtone se reproduit naturellement. Même ce ruisseau est aussi concerné par les problèmes d’étiage en été et parfois en hiver.” L’arrivée des cormorans et leur sédentarisation dans le Haut-Doubs inquiètent beaucoup les pêcheurs locaux d’autant que l’espèce est protégée tant au niveau européen que national. “On déplore aussi l’impact du harle bièvre. Cette espèce de canard piscivore est un prédateur très efficace. Pour les cormorans, la Fédération de pêche du Doubs demande une régulation de l’espèce depuis deux ans”, explique Philippe Grosso en se félicitant aussi de l’efficacité du pôle régional environnement de Besançon. Tout ce qui est bon pour la protection des rivières l’est aussi pour le moral des pêcheurs.


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